Chine : de consommateur à acteur dans le secteur de la mode

Par :  |  Mots clés : Chine-mode
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-02-2018

Le géant du textile chinois Shandong Ruyi Holdings, surnommé le LVMH de Chine, vient d'acquérir la marque de mode Bally pour un montant non dévoilé, ont annoncé le 9 février Shandong Ruyi Holdings et le propriétaire de la marque, la société d'investissement luxembourgeoise JAB Holding, qui conservera une participation minoritaire.

"Bally est une marque haut de gamme de chaussures et d'accessoires en cuir ayant plus de cent ans d'histoire. Les produits de Bally complètent notre offre dans le prêt-à-porter. Cette affaire représente pour Shandong Ruyi Holdings un jalon pour devenir un leader mondial de la mode vestimentaire, et nous aiderons Bally à renforcer sa présence dans le monde entier", explique dans un communiqué le président du groupe chinois, Qiu Yafu.

Bally bénéficie d'une très bonne dynamique de croissance et d'un fort potentiel. La participation de Shandong Ruyi Holdings accélérera la croissance de Bally dans les secteurs et les régions clés et continuera à améliorer la marque, note pour sa part Frédéric de Narp, PDG de Bally, précisant que la marque continuera à être gérée par ses équipes existantes et à mettre en oeuvre la même stratégie de croissance à la suite de l'acquisition.

Bally s'ajoute à liste des acquisitions de Shandong Ruyi Holdings, sur laquelle figurent entre autres le groupe français SMCP (connu pour ses marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot), le britannique Aquascutum, la société Invista (Lycra), le japonais Renown et le groupe Peine.

Créé en 1972 et basé dans la province chinoise du Shandong, le groupe Shandong Ruyi Holdings compte plus de 20 filiales, dont trois cotées en Chine, en France et au Japon, 4.000 points de vente, un réseau dans 36 pays et plus de 20.000 collaborateurs.

Pour l'acquisition de Bally, la concurrence a été intense entre Shandong Ruyi Holdings et d'autres candidats chinois, notamment Fosun International, actif dans la mode avec des participations dans la marque de bijoux grecque Folli Follie, le label américain St. John et la griffe italienne Caruso, et Fujian Septwolves Industry, qui a racheté les droits de distribution de Karl Lagerfeld en Chine.

Pourtant l'acquisition n'est pas le seul mode d'exploitation des marques occidentales par les entreprises chinoises. En 2011, le chinois ANTA Sports a acheté les droits d'exploitation de la marque FILA en Chine. La marque chinoise de sport Li-Ning a quant à elle créé en 2005 une coentreprise avec le fabricant français AIGLE, lui procurant l'exclusivité pour la distribution des produits de la marque en Chine pendant 50 ans. En 2008, Li-Ning a obtenu la licence exclusive des marques de l'italien Lotto en Chine.

Grâce au développement de l'e-commerce en Chine, les plates-formes Internet jouent un rôle de plus en plus grand dans la révolution de l'industrie de la mode. En 2017 Tmall, plate-forme du géant Alibaba, a signé un partenariat stratégique pour devenir partenaire officiel de la Fashion Week de New York, retransmettant les défilés en direct et vendant immédiatement en ligne de nombreux vêtements présentés durant cet événement, dans le cadre de la promotion "see-now/buy-now" (voyez maintenant/achetez maintenant).

A l'occasion de la Fashion Week de New York en cours, Li-Ning a connu un grand succès le 7 février avec trois autres marques chinoises, Chen Peng, CLOT et Peacebird, lors de la journée "spéciale Chine" organisée par Tmall.

Parallèlement, l'attitude de consommation à l'étranger des Chinois a connu un changement ces dernières années. En 2015 les Chinois ont dépensé 116,8 milliards de dollars pour acheter 46% des produits de luxe au monde. En 2016, outre 120,4 milliards de dollars dépensés pour acheter presque la moitié des produits de luxe au monde, les Chinois ont présenté un attrait croissant pour les biens de consommation de bonne qualité. Lors de leurs achats à l'étranger en 2017, les voyageurs chinois ont davantage mis l'accent sur l'expérience d'achat que sur les biens eux-mêmes, se sont mieux renseignés auprès des vendeurs ou à l'aide d'Internet, au lieu de payer sans demander, et ont attaché une plus grande attention à la qualité qu'au prix, selon la "Liste de la consommation pendant les voyages des Chinois en 2017", publiée conjointement par le site Internet touristique www.mafengwo.cn et le site Internet financier www.unionpaysmart.com.

"Quarante ans après le lancement de la politique de réforme et d'ouverture en 1978, les Chinois font plus attention à la qualité de vie matérielle et spirituelle, appréciant mieux la mode, comme ils savourent le thé, présentant un meilleur jugement esthétique et ne choisissant plus aveuglement", indique Charlotte Kwok, directrice de la communication pendant plus de 15 ans chez Parfums Christian Dior du groupe LVMH (Moët Hennessy Louis Vuitton, leader français du luxe et de la mode dans le monde), dans une récente interview accordée à Xinhua.

"Notamment depuis 2015, beaucoup de stylistes chinois ont attiré l'attention du public à l'extérieur comme à l'intérieur du pays avec leurs propres marques. Leurs créations sont aussi impressionnantes que celles des grandes marques au niveaux des matériaux, de la conception, de la couture et de la décoration", a noté Mme Kwok, se disant convaincue que la Chine connaîtrait un essor dans le secteur de la mode au cours des prochaines décennies.

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Source: Agence de presse Xinhua
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