Selon une information donnée jeudi par le Bureau national des statistiques, l'économie chinoise s'est mieux comportée en 2017 qu'un an plus tôt, affichant une croissance de 6,9% sur un an, et le PIB nominal a dépassé les 12 500 milliards de dollars (10 227 milliards d'euros). Si elle est calculée en termes de parité de pouvoir d'achat (PPA) -ce que le FMI a fait en 2015- la taille de l'économie chinoise a dépassé 20 000 milliards de dollars (16 364 milliards d'euros).

Pour autant, ont averti les experts, ce n'est pas une raison pour les décideurs politiques de célébrer la nouvelle en fanfare, car des obstacles inconnus et auxquels personne n'a songé pourraient surgir soudainement sur la route qui s'ouvre devant la Chine.

Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), a annoncé lors du 19e Congrès national du PCC que le socialisme à caractéristiques chinoises avait franchi le seuil d'entrée dans une nouvelle ère.

Dans cette nouvelle ère, la Chine entamera un nouveau voyage vers ses deux objectifs historiques du double centenaire : faire de la Chine une société modérément prospère à tous les égards d'ici 2020, avant le 100e anniversaire de la fondation du PCC l'année suivante, et construire un pays socialiste modernisé d'ici 2049, lorsque la République populaire de Chine célébrera son centenaire.

Face à ces tâches colossales, ceux qui sauront garder la tête froide et leur calme seront sans doute les meilleurs.

La plupart des économistes prévoient que la Chine enregistrera une croissance de 6,5% en 2018, la Banque mondiale l'estimant quant à elle à 6,4%. Suite à la réforme structurelle et à l'optimisation de l'économie au cours des dernières années, les perspectives semblent beaucoup plus favorables, et il est possible que la dynamique d'expansion actuelle soit maintenue jusqu'en 2018 et au-delà.

L'économie chinoise repose désormais sur des bases beaucoup plus solides et stables, soutenue par une consommation intérieure en constante augmentation grâce à une classe moyenne en croissance rapide et une série infinie de projets d'investissement comme des aéroports, des métros et des trains à grande vitesse, des co-entreprises dans le domaine des technologies et l'établissement de nouvelles villes comme la zone nouvelle de Xiong'an, au sud-est de Beijing.

Selon les experts, la demande globale du marché devrait rester forte, alimentant le développement économique en 2018. On peut l'attribuer à l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages chinois, qui engloutissent une longue liste de produits allant des vêtements et des cosmétiques aux smartphones et aux voitures électriques.

De même, l'expansion rapide des autoroutes, des ponts, des tunnels, des aéroports et des chemins de fer augmentera la demande en énergie et en ressources.

Parallèlement, le plan triennal du gouvernement visant à aider 23 millions de résidents ruraux à sortir de la pauvreté avant 2020 contribuera également à la demande globale, car de nombreux nouveaux logements seront construits.

La variable pourrait être le commerce extérieur, car les ventes de biens et de services de la Chine sur son plus grand marché à l'exportation, les États-Unis, pourraient être mises en difficulté si l'administration Trump renforçait le protectionnisme en 2018 en imposant des droits de douane plus élevés ou d'autres mesures punitives sur les importations en provenance de Chine.

Ailleurs, la reprise de la croissance économique dans la zone euro, au Japon, en Russie et en Asie du sud-est depuis 2017 et la hausse constante de la consommation sur ces marchés continueront à soutenir le commerce avec la Chine.

L'initiative « La ceinture et la route », un projet massif, constitue quant à elle également une aubaine pour l'investissement et le commerce, tout en améliorant la vie de dizaines de millions de personnes vivant le long de son parcours.

La Chine s'est déjà transformée, passant d'une période d'industrialisation à une nouvelle phase d'expansion de haute qualité, et les économistes estiment qu'elle cesse désormais de courir après un taux de croissance excessif parce que ce modèle n'est pas viable.

Au lieu de cela, la Chine devrait plutôt miser sur l'innovation technologique -dans la pénétration de l'Internet mobile et la modernisation des industries traditionnelles, dans le développement de véhicules à énergies nouvelles et l'exploration des technologies de défense avancées- pour consolider sa compétitivité au niveau mondial.

À cet égard, Shenzhen, qui devrait devenir la prochaine Silicon Valley du monde avec un PIB de plus de 2 000 milliards de yuans (255,72 milliards d'euros) en 2017, est un exemple à suivre pour les autres villes de Chine.

Cependant, les experts ont mis en garde contre d'éventuels vents contraires auxquels pourrait faire face l'économie chinoise en 2018, notamment les problèmes liés à la dette intérieure, la lutte contre la pollution industrielle et les incertitudes qui pèsent sur le secteur immobilier. De même, la montée des tensions géopolitiques entourant la Chine, comme la péninsule coréenne, et les tensions à travers le détroit de Taïwan pourraient également avoir des effets négatifs sur le développement.

Il n'en reste pas moins que la croissance vertigineuse de la Chine au cours des 40 dernières années a montré qu'un gouvernement stable et uni comme celui de Beijing et un système administratif centralisé ont réussi à maintenir son économie sur une voie rapide et lui ont donné une résilience inégalée après quelques reculs cycliques.