L'industrie du recyclage en Chine en pleine évolution (1)

Par :  |  Mots clés : Chine-recyclage
French.china.org.cn | Mis à jour le 19-01-2018

Alors que la Chine place de plus en plus l'écologie en tête de ses priorités, l'industrie du recyclage est confrontée à de nouveaux défis.

En Occident, le recyclage est souvent vu comme une affaire de devoir civique : les campagnes gouvernementales pour inciter au recyclage font appel à la responsabilité sociale ou à la conscience environnementale des citoyens. Il n'est pas rare pour les comités de quartier ou les éboueurs de réprimander les citadins qui, par exemple, ne trient pas leurs déchets.

En Chine, les choses sont radicalement différentes, et témoignent non pas de l'absence d'un système de recyclage, mais d'une organisation différente, reposant davantage sur les lois du marché que sur la conscience citoyenne. Ici, pas de tri des déchets ni de conteneur pour le papier ou les bouteilles vides : que ce soit dans les compagnies ou les maisons, tout est jeté dans un même récipient en bordure de sa rue.

Une fois sortis, ces déchets attirent aussitôt l'attention d'une véritable armée de collecteurs qui arpentent les rues des villes chinoises. Traînant derrière leurs bicyclettes de grands sacs, ils se promènent de conteneur en conteneur, ramassant le plastique, le papier, les bouteilles de vitre, le métal, etc.

"Bien sûr, par le passé, les déchets ménagers n'étaient pas une question grave, mais avec le développement économique et la multiplication des produits de consommation, notamment l'arrivée des emballages jetables et du plastique dans nos vies, les déchets ménagers sont devenus un vrai problème", dit Wang Jing, une collectrice de déchets à Beijing.

Ce sont des gens comme Wang Jing qui forment la ligne de front de l'industrie du recyclage en Chine : ils trient les ordures, en extraient tout ce qui est susceptible d'être recyclé et s'affairent à toute heure de la nuit ou du jour dans les rues de la capitale et des villes chinoises.

Un système unique à la Chine

Selon les données des Nations unies, la Chine produit 520.548 tonnes de déchets par jour. Elle compte pour 28% de la demande globale pour le polyéthylène téréphtalate, le principal matériel utilisé dans la confection des fameuses bouteilles de plastique qui sont désormais omniprésentes dans nos vies. En 2016, les Chinois ont acheté plus de 73 milliards de ces bouteilles, une hausse de cinq milliards par rapport à l'année précédente.

Bien que le pays soit encore loin derrière les pays occidentaux en termes de quantité de déchets produits per capita par jour (1,02 kg par rapport à 2,58 kg), ce taux croît de 4% à 5% par année. Le travail de recyclage effectué par Wang Jing et ses collègues est donc un service vital pour assurer une vie urbaine saine.

On estime à 160.000 le nombre de collecteurs dans la seule ville de Beijing, dont 90% seraient des migrants ruraux, selon les observateurs. Une fois collectés, les matériaux sont transportés et vendus à des ateliers de recyclage qui transforment les produits et les revendent aux grandes usines.

D'autres collecteurs optent pour une stratégie différente : au lieu de trier les déchets, ils se promènent dans les rues des quartiers résidentiels en criant les produits qu'ils achètent, le plus souvent des électroménagers ou de la ferraille. Les résidents désireux de se débarrasser de leurs vieux objets peuvent s'en départir contre quelques yuans.

"J'ai récemment rénové ma cuisine, et j'ai pu vendre mes tuyaux de plomberie et quelques tuiles pour une dizaine de yuans en tout. Je leur ai aussi vendu mon vieux téléviseur brisé. Ça permet de gagner un peu d'argent, mais ça m'évite surtout de devoir déplacer ces déchets moi-même", dit une résidente âgée de Beijing.

Adam Minter, auteur du livre Junkyard Planet sur l'industrie des déchets en Chine, estime que les collecteurs de déchets se chiffreraient à une dizaine de millions à l'échelle du pays, formant la deuxième profession du pays, après les fermiers.

"En Occident, le recyclage est considéré comme une activité verte. Mais en Chine, le recyclage des bouteilles en plastique et le recyclage en général répondent beaucoup plus à un impératif économique, plutôt qu'à un impératif environnemental", explique Minter. "Il est extrêmement rare de voir des bouteilles en plastique ne pas être recyclées en Chine, en particulier compte tenu du prix plus élevé des bouteilles de polyéthylène téréphtalate." (à suivr

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: Agence de presse Xinhua
Retournez en haut de la page