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Les États-Unis ouvrent le jeu à somme nulle

French.china.org.cn | Mis à jour le 15. 01. 2018 | Mots clés : OMC, commerce


Les relations commerciales sino-américaines restent confrontées à de graves défis. Le Bureau du représentant américain au commerce a confirmé le 1er décembre 2017 que l'administration Trump avait officiellement soumis un document écrit à l'OMC, s'opposant à l'octroi du statut d'économie de marché à la Chine dans l'enquête antidumping.

 

Selon un reportage du Wall Street Journal, les États-Unis ont présenté cette décision à l'OMC à la mi-novembre, mais celle-ci n'a pas été rendue publique avant le 30 novembre. Le reportage affirme que c'est la première fois que les États-Unis affirment ouvertement cette position et en expliquent la raison, bien qu'elle ait déjà été insinuée par des officiels américains. « Refuser officiellement de reconnaître le statut d'économie de marché de la Chine va exacerber les tensions dans les relations commerciales entre les deux pays », a ajouté le commentateur.

 

Plus tôt, l'UE avait également refusé d'accorder le statut d'économie de marché à la Chine qui avait réagi en intentant une action en justice à l'OMC. Selon le texte soumis à l'OMC par les États-Unis, ces derniers n'octroieront pas le statut d'économie de marché à la Chine, quelles que soient les conditions prévues dans le Protocole d'adhésion de la Chine à l'OMC ; ils présentent également leurs « règles » sans pour autant en préciser le contenu et précisent que la Chine doit respecter les mêmes « règles » que les autres membres de l'OMC.

 

Le statut d'économie de marché de la Chine n'est pas reconnu par l'UE, ni par les États-Unis, le Japon et le Canada. Le fait que le monde occidental a dit « non » au commerce chinois d'une même voix, – ce qui est très rare –, va au-delà du cadre commercial et est plein de préjugés idéologiques.

 

Conformément à l'Article 15 du Protocole d'adhésion de la Chine à l'OMC, à compter du 11 décembre 2016, les membres de cette organisation devaient arrêter d'utiliser l'approche de « pays de substitution » dans leurs mesures antidumping contre la Chine, c'est-à-dire, ils devaient reconnaître le statut d'économie de marché de la Chine. À cause de l'approche de « pays de substitution », les pays pratiquant l'antidumping contre la Chine imposent des droits de douane élevés, et les exportations chinoises connaissent une perte qui se chiffre en milliards de dollars chaque année.

 

En ignorant les règles de l'OMC, les États-Unis, l'UE et d'autres pays du monde occidental ont sapé les mécanismes de cette organisation, ce qui porte préjudice à l'autorité de l'OMC en la discréditant. Plus ironiquement, l'administration Trump, insistant sur sa position de « l'Amérique d'abord », est le « roi des destructeurs » du mécanisme commercial multilatéral du monde. Trump a déclaré qu'il avait l'intention, soit d'abandonner, soit de renverser, l'Accord de partenariat transpacifique (TPP) et l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) pour en mettre en place des nouveaux. Il recherche l'« Amérique d'abord » dans les relations commerciales des États-Unis avec ses principaux partenaires et menace même de sortir de l'OMC.

 

La Chine est le plus grand pays de commerce de marchandises au monde. Depuis une dizaine d'années, sa participation a complètement changé la structure de pouvoir du commerce mondial. Mais l'UE, les États-Unis et d'autres pays occidentaux sont très inquiets face à la montée en puissance de la Chine, sur le plan commercial mais aussi plus globalement. Ainsi, le monde occidental semble avoir trouvé un consensus sur le fait de jouer des tours dans le cadre de l'OMC pour faire barrage à la Chine.

 

Bien sûr, il existe aussi d'importants différends commerciaux au sein du monde occidental. Le Japon et l'Allemagne figurent sur la liste dressée par l'administration Trump des pays manipulateurs de devises. Et lors des visites de ce dernier à l'UE et au Japon, il a ouvertement critiqué les agissements déloyaux des deux pays à l'égard des États-Unis dans le domaine du commerce.

 

Pour contrer le protectionnisme des États-Unis, le Japon et l'Europe créent aussi des mécanismes de commerce multilatéraux écartant les États-Unis. Cependant, en dépit des « conflits internes », le monde occidental est parvenu à un certain consensus face à la montée en puissance de la Chine sur le plan économique et commercial, qui consiste à dénoncer la Chine dans le cadre de l'OMC, à ne pas reconnaître son statut d'économie de marché et à utiliser l'approche de « pays de substitution » pour obtenir plus d'intérêts commerciaux dans l'enquête antidumping et antisubvention contre la Chine.

 

De plus, le monde occidental, en prenant des contre-mesures injustes envers la Chine, dissimule, sous couvert du cadre de l'OMC, son non-respect des règles, de sorte que c'est finalement la Chine qui paie le double prix du commerce et de la morale.

 

L'administration Trump ne prend jamais au sérieux le mécanisme commercial multilatéral du monde. Ce pays, qui a menacé de sortir de l'OMC et qui en méprise toujours les règles, utilise aujourd'hui cette dernière pour tendre des embûches à la Chine. Il s'agit là d'un exemple typique de l'hégémonie économique américaine.

 

Toutefois, c'est une approche qui n'est pas du tout judicieuse.

 

D'abord, contrairement à l'UE qui demeure en faveur de la mondialisation, Trump est devenu un symbole de l'antimondialisation, et le sabotage des règles de l'OMC par les États-Unis ne fait que s'ajouter à des actes commerciaux étourdis et utilitaires du président américain.

 

Ensuite, la Chine et les États-Unis sont les deux plus grandes puissances commerciales du monde. Si les États-Unis ne reconnaissent pas le statut d'économie de marché de la Chine, celle-ci entamera une procédure pour trouver une solution raisonnable comme elle le fait avec l'UE. Mais si le recours à la justice pour défendre ses droits n'aboutit pas, la Chine prendra aussi des contre-mesures commerciales. Un conflit commercial entre deux puissances commerciales conduirait à la défaite des deux puissances, sans arriver à une guerre commerciale.

 

Enfin, malgré un certain déséquilibre commercial, les rencontres entre les chefs d'État des deux pays ainsi que des réunions institutionnelles de haut niveau ont permis de réaliser de grands progrès. Et la visite de Trump en Chine s'est soldée par des commandes qui représentent plus de 250 milliards de dollars. Ne pas reconnaître le statut d'économie de marché de la Chine entravera la coopération commerciale sino-américaine, et aura un impact négatif sur les résultats commerciaux. Et plus, à cause de leur politique de l'« Amérique d'abord », les États-Unis ont offensé presque tous leurs partenaires commerciaux.

 

Grâce aux efforts de la Chine, les échanges commerciaux entre les deux pays ont abouti à des résultats institutionnels. La Chine appelle toujours à résoudre les divergences commerciales bilatérales d'une façon plus rationnelle et plus pragmatique, afin de fournir un modèle de coopération gagnant-gagnant pour le commerce mondial.

 

Le fait que les États-Unis ne reconnaissent pas le statut d'économie de marché de la Chine ne contribuera pas à résoudre les divergences commerciales sino-américaines, mais provoquera, au contraire, des différends commerciaux. Si la Chine lance des contre-mesures, Trump se retrouverait vraiment isolé, et la fameuse politique de l'« Amérique d'abord » deviendrait un bon sujet de raillerie.

 

 

﹡Par ZHANG JINGWEI, chercheur invité de l'Institut d'étude financière Chongyang de l'université Renmin de Chine (Article publié dans le National Business Daily le 4 décembre 2017)


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Source:La Chine au Présent