L'alliance Alibaba Auchan pourrait inciter Carrefour à repenser sa stratégie en Chine

Le partenariat récemment conclu entre le distributeur français Auchan et le géant de l'internet Alibaba pourrait inciter Carrefour à réfléchir davantage sur sa stratégie en Chine et pourrait même décider son nouveau patron à se retirer du pays.

Alexandre Bompard a pris la tête de Carrefour, le deuxième plus grand détaillant au monde derrière Walmart, en juillet de cette année ; le 23 janvier 2018, il dévoilera son plan de redressement pour la société française, qui a publié un avertissement sur résultats en août.

Alexandre Bompard doit décider de rester ou de partir de Chine, où Carrefour a passé des années à essayer de redresser une entreprise dont les ventes ont encore chuté de 5,4% au troisième trimestre en raison de la concurrence féroce des acteurs locaux et d'un marché en ligne dynamique.

Interrogé pour savoir s'il avait pris une décision sur la Chine, le M. Bompard a déclaré à Reuters en marge d'une conférence sur l'investissement qui a eu lieu mardi à Paris : « J'en parlerai très bientôt ». Il a confirmé que le sujet serait inclus dans sa présentation de janvier.

« Jusqu'à présent, les seuls détaillants occidentaux à s'être établis avec succès dans ce pays l'ont fait via des partenariats avec des détaillants locaux, comme Auchan avec Sun Art Retail », ont souligné les analystes de Bryan Garnier dans une note de recherche.

« Une combinaison du hors ligne et du en ligne est aussi une option, comme le montrent les récents accords entre Walmart et JD.com ... et Auchan et Alibaba ... A défaut de conclure rapidement un tel partenariat, Carrefour pourrait prendre la décision de vendre ses actifs en Chine », ont-ils ajouté.

Lundi, Alibaba a annoncé un investissement de 22,4 milliards de dollars HK (2,4 milliards d'euros) pour une participation dans Sun Art, premier opérateur d'hypermarchés de Chine, dont Auchan est le principal actionnaire. Carrefour a tenté de se repositionner en Chine, où il réalise 5% des ventes du groupe, s'étant trop concentré sur les grandes surfaces. Il s'est développé dans le commerce électronique et les magasins de proximité et a ouvert des centres logistiques pour réduire les coûts.

De son côté, l'ancien PDG du groupe, Georges Plassat, a déclaré à plusieurs reprises que Carrefour resterait en Chine et n'a pas exclu un accord avec un partenaire local, bien que rien ne se soit encore concrétisé.

Les détaillants en magasins physiques ont quant à eux pris des mesures pour forger des alliances avec les acteurs du commerce électronique.

Parmi les détaillants internationaux, Walmart et Carrefour ont commencé à enregistrer une reprise de leur part de marché sur une base trimestrielle, tout en fermant des magasins non performants. Selon Kantar Worldpanel China, ils réorganisent leurs magasins existants de manière proactive pour être plus compétitifs et attractifs pour les acheteurs.

D'après le rapport, ils ouvrent de nouveaux magasins qui sont 30 à 50% plus petits que les anciens pour rendre leurs produits plus accessibles et réduire la surface de vente des produits non alimentaires.

En juin, Carrefour a ouvert son premier magasin Easy Carrefour à Wuxi ; c'est la première fois que le distributeur français a lancé un magasin de plus petite taille en dehors de sa base à Shanghai. Plus récemment, il a également lancé son propre portefeuille numérique, appelé « Carrefour Pay » en collaboration avec UnionPay afin de faciliter les paiements mobiles en magasin.

« Ces derniers temps, alors qu'il s'efforce de passer d'un modèle hypermarché à une stratégie multi-formats en ouvrant plus d'Easy Carrefour et en lançant des hypermarchés compacts, Carrefour a enregistré une certaine reprise », a pour sa part déclaré Jason Yu, directeur général de Kantar Worldpanel. Cependant, dans le domaine du commerce électronique, Walmart et RT-Mart pourraient bien prendre le dessus avec l'alliance JD et Alibaba », a-t-il ajouté.