Brics : un partenariat renforcépour un avenir meilleur

Par : Yann |  Mots clés : BRICS
French.china.org.cn | Mis à jour le 05-09-2017

  


Dolana Msimang, ambassadrice d'Afrique du Sud en Chine
 


La Chine au présent : Quel regard l'Afrique du Sud porte-elle sur le mécanisme des BRICS ?

Dolana Msimang : Le mécanisme des BRICS donne une véritable impulsion à la politique étrangère de l'Afrique du Sud en ce qui concerne ses grandes priorités, à savoir : promouvoir le programme de l'Union africaine, promouvoir l'Agenda 2030 pour le développement durable, soutenir les réformes de gouvernance mondiale et représenter la coopération et la solidarité Sud-Sud dans un esprit de collaboration mutuellement bénéfique. En outre, du point de vue de l'ensemble des pays du Sud, le mécanisme des BRICS est l'un des plus importants mécanismes planétaires à avoir vu le jour après la Seconde Guerre mondiale et après l'effondrement du système de Bretton Woods et apporte une réponse pertinente aux besoins des pays du Sud.

Le développement institutionnel du groupe des BRICS depuis sa création illustre la capacité de ces pays, jouissant d'une voix plus forte, à aborder des problèmes pertinents lors des débats internationaux et à enrichir ces échanges, notamment parce qu'ils donnent le point de vue des pays en développement. Le mécanisme des BRICS est la mise en œuvre du potentiel des pays qui souhaitent voir naître un ordre mondial plus démocratique et plus participatif.

Par essence, les BRICS proposent un discours alternatif sur les questions d'économie ou de politique internationales et ils contribuent en même temps à consolider l'ordre mondial et à préserver le principe du multilatéralisme et le rôle central des Nations Unies. Jusqu'à présent, le groupe a mené à bien la plupart des tâches qu'il s'était fixées, entre autres, créer sa première institution financière, à savoir la Nouvelle banque de développement (NDB) et le Contingent Reserve Arrangement (CRA) et apporter sa contribution à la résolution de défis politiques et économiques internationaux. Dans le contexte actuel, et au vu de ce que les BRICS ont accompli, on peut dire que le mécanisme est un succès incontestable.



Le 29 octobre 2016, le ministère des Relations internationales et de
la Coopération d'Afrique du Sud a organisé une fête du corps diplomatique,
à laquelle a participé l'ambassade de Chine, sur le thème « Bienvenue en Chine ».
De jeunes locaux montrent leur nom en chinois écrit par leur enseignant.
 


La Chine au présent : En quoi l'Afrique du Sud a-t-elle bénéficié de ce mécanisme?

Dolana Msimang : Pour l'Afrique du Sud, intégrer les BRICS a été l'occasion de pouvoir développer des collaborations avec des partenaires internationaux forts et qui partageaient des idées similaires, et de mettre en place un programme dont le but est de transformer le système qui régit les relations internationales. Ce programme de transformation rejoint d'ailleurs le programme de l'Union africaine.

L'Afrique du Sud a travaillé avec ses partenaires pour formuler et atteindre des objectifs de développement nationaux, régionaux et internationaux, qui sont liés aux objectifs de notre Plan de développement national, notre Agenda 2063 pour l'Afrique et l'Agenda 2030 pour le développement durable. Nous sommes dans la position singulière, tout comme l'Inde et le Brésil, de traiter des questions relatives à la réforme de la gouvernance mondiale (qui implique une réforme du système des Nations Unies) avec deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Depuis que nous avons rejoint le groupe des BRICS, nous avons fait en sorte de coordonner les efforts que nous déployons pour les BRICS avec ceux du continent africain dont les aspirations de développement ont d'ailleurs été appuyées par les BRICS. Les BRICS ont exprimé leur soutien à la vision africaine qui a été formulée dans l'Agenda 2063, pour faire avancer les programmes de développement industriel et de développement d'infrastructures sur ce continent, qui contribueront au développement d'initiatives intra-africaines de coopération économique et d'intégration. La création du premier bureau régional de la Nouvelle banque de développement, le Centre régional pour l'Afrique, aura également un impact tangible sur les objectifs de développement industriel de l'Afrique du Sud, du sud de l'Afrique et du continent dans son ensemble, qui bénéficient clairement de l'entrée de l'Afrique du Sud dans les BRICS.

Historiquement, l'Afrique du Sud a toujours eu de forts liens bilatéraux avec ses camarades des BRICS et depuis qu'elle les a rejoints, la coopération multilatérale et ces coopérations bilatérales qui existaient déjà sont devenues complémentaires. Nos relations économiques se sont considérablement renforcées avec, par exemple, l'investissement du constructeur automobile chinois BAIC (Beijing Automotive Group Co., Ltd) dans la zone de développement industriel de Coega pour construire la première nouvelle usine automobile en 40 ans.

 

La Chine au présent : Que pensez-vous de la Nouvelle banque de développement?

Dolana Msimang : Dans le cadre du programme de création des institutions des BRICS, qui reflète l'engagement politique de ses membres, nous avons assisté à la création de ses premières institutions financières : la NDB et le CRA. Le fait que ces institutions ont vu le jour au cours d'une décennie de coopération montre notre engagement envers la grande cause des BRICS.

Le président de la NDB, M. KV Kamath, a par ailleurs insisté sur la nécessité pour les infrastructures actuelles d'améliorer le bien-être économique, social et environnemental des citoyens. La NDB souhaite apporter une aide intégrale aux membres des BRICS qui font face à des problèmes majeurs de développement d'infrastructures. On a suffisamment démontré que le développement des infrastructures avait un impact significatif sur la croissance économique et sur le bien-être économique des populations défavorisées. Un réseau d'infrastructures bien développé et bien connecté améliore l'accès des populations défavorisées aux opportunités économiques et aux services d'éducation et de santé. Apporter une réponse aux défis de la quatrième révolution industrielle, et faire en sorte que chaque action de la NDB ait une influence positive sur les individus et sur le développement technologique vont devenir essentiels.

Par conséquent, la NDB établira des relations complémentaires et collaboratives avec toutes les institutions du même type et a déjà conclu de multiples mémorandums de coopération avec des institutions telles que la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB), la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque mondiale. Les membres des BRICS sont tous des membres fondateurs d'une nouvelle génération d'institutions financières telles que la NDB et l'AIIB.

Nous jugeons également encourageante la volonté de la NDB de favoriser les efforts de coopération intra-BRICS qui s'illustre à travers son intention de conclure dans un futur proche un accord avec le BRICS Business Council.

L'Afrique du Sud est fière d'accueillir le premier bureau régional de la NDB, à savoir le Centre régional pour l'Afrique qui sera établi à Johannesburg.

Le bureau régional s'appuiera sur le travail de la NDB et sera avant tout en charge du continent africain avec comme objectif premier la préparation et la facilitation de projets mais élargira peu à peu son mandat. Ce bureau servira à donner une impulsion aux programmes de développement d'infrastructures sur le continent et travaillera à compléter les objectifs de développement existants et à poursuivre les politiques de développement qui ont déjà été approuvées.

 

La Chine au présent : En tant que pays membre des BRICS qui soutient l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, comment l'Afrique du Sud envisage-t-elle le lien entre le mécanisme des BRICS et cette initiative ?

Dolana Msimang : Ce qui fait la force des BRICS, aux yeux de tous ses membres, c'est d'avoir su créer un partenariat de coopération interconnecté et transcontinental. Toutes les grandes déclarations qui ont été faites par les BRICS, de celle de Sanya à celle de Goa, incitent à la construction d'un monde plus globalisé où chacun aurait accès aux mêmes opportunités et aux mêmes avantages. Nous sommes fiers que chaque pays membre des BRICS poursuive ses objectifs propres en même temps que des impératifs transcontinentaux et régionaux et qu'ils s'engagent activement dans des projets économiques Sud-Sud. La Chine, avec son initiative des Nouvelles Routes de la Soie, en est un exemple remarquable. À cet égard, l'Afrique du Sud considère l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie comme un levier qui permet de promouvoir la mondialisation du commerce et des investissements, surtout dans un contexte mondial de réapparition de tendances protectionnistes. La dimension transcontinentale de l'initiative des Nouvelle Routes de la Soie ne peut qu'élargir le champ du commerce et de l'investissement dans des secteurs déterminants du développement susceptibles de générer une croissance durable et inclusive. L'initiative des Nouvelles Routes de la Soie est dotée d'un immense potentiel avec un stock intérieur d'IDE d'environ 6 trillions de dollars et un stock extérieur de plus de 3 trillions de dollars. Plus de 50 accords, qui couvrent six couloirs économiques majeurs dans le monde, ont été signés entre la Chine et ses partenaires.

La nature transformatrice du système des BRICS et l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie s'accordent avec le désir de l'Union africaine de développer le continent à travers le Nouveau partenariat économique pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et l'Agenda 2063. L'initiative présidentielle des champions des infrastructures du NEPAD, dirigé par le président Jacob Zuma, a rappelé que le développement des infrastructures était nécessaire non seulement au développement de l'Afrique du Sud et de l'Afrique mais aussi à l'essor du commerce international.

L'initiative des Nouvelles Routes de la Soie devrait jouer en faveur de l'intégration régionale. En 2015, le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) ont signé un accord de libre-échange tripartite qui visait à rassembler au sein d'un marché unique ces trois zones économiques regroupant 28 pays africains. Cela permettra de renforcer le commerce intra-africain en s'appuyant sur l'intégration des marchés, le développement d'infrastructures et l'industrialisation de couloirs régionaux Nord-Sud : le couloir de Dar es Salaam, le couloir de Trans-Kalahari et le couloir de Nacala, ce qui aura comme effet d'améliorer la connectivité et la compétitivité en Afrique.

 

La Chine au présent : Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a proposé la création du mécanisme « BRICS Plus » afin d'élargir le cercle d'amis des BRICS. Qu'en pensez-vous ?

Dolana Msimang : L'idée qui a été proposée de mettre en place un mécanisme « BRICS Plus » est essentielle pour l'expansion des BRICS. Nous comprenons le mécanisme « BRICS Plus » comme un prolongement du mécanisme d'ouverture qui avait été évoqué pour la première fois lors du Sommet des BRICS à Durban en 2013. Si les BRICS ont développé des coopérations avec des organisations nationales ou des pays extérieurs au mécanisme des BRICS, c'était pour mettre en application les dispositions de la Déclaration de Sanya :

« … Nous sommes prêts à multiplier nos engagements et nos accords de coopération avec des pays qui ne font pas partie des BRICS, en particulier des pays émergents et des pays en développement ainsi qu'avec des organisations internationales et régionales qui sont en adéquation. »

L'Afrique du Sud félicite vivement la progression du mécanisme d'ouverture qui a non seulement galvanisé les pays membres des BRICS mais aussi celle de nos partenaires dans le monde entier, particulièrement les pays du Sud et les marchés émergents et pays en développement. L'interaction avec des organisations régionales, telles que l'Union africaine, l'initiative de la Baie du Bengale pour la coopération technique et économique multisectorielle (BIMSTEC) et l'Union économique eurasiatique (EEU), a dynamisé le mécanisme d'ouverture des BRICS et nous souhaitons donc renforcer notre coopération avec des états partageant notre vision pour construire un engagement transcontinental qui soit réellement démocratique et participatif.

 

La Chine au présent : Qu'est-ce que l'Afrique du Sud attend du 9e Sommet des BRICS qui se tiendra bientôt à Xiamen?

Dolana Msimang : Le président Jacob Zuma a confirmé sa participation au neuvième Sommet des BRICS à Xiamen du 3 au 5 septembre 2017 et l'Afrique du Sud, tout au long de cette année, n'a cessé de démontrer son soutien à la Chine, qui assure la présidence des BRICS en 2017, à travers sa participation et sa contribution aux réunions techniques de haut niveau mises en place dans le cadre du plan d'action défini par la présidence.

Le sommet sera l'événement majeur de l'agenda des BRICS et nous savons que l'énergie créatrice de la présidence qui a assuré le succès des différentes réunions et événements déjà organisés lui permettra de poser une base solide pour le 9e Sommet des BRICS. La Chine a d'ailleurs lancé une nouvelle initiative en accueillant au mois de juin la première réunion indépendante des ministres des Affaires étrangères et des Relations internationales pendant laquelle les ministres ont pu délibérer sur le programme de ce sommet.

Tous ces développements permettent de légitimer le thème retenu par la Chine pour le sommet de cette année : « BRICS : un partenariat renforcé pour un avenir meilleur ».

Nous approuvons les choix de la présidence quant aux questions qui devront être abordées en priorité au cours du sommet. La collaboration intra-BRICS s'est en effet développée en cherchant à consolider la gouvernance mondiale pour pouvoir par la suite promouvoir la paix dans le monde et la sécurité, faire en sorte de maintenir une économie mondiale ouverte, d'améliorer les systèmes financiers et monétaires internationaux ainsi que de renforcer notre coopération et notre coordination au sein d'organisations multilatérales. Nous apprécions également les efforts mis en œuvre pour accroître les échanges entre nos peuples dans tous les secteurs, qui ont pu prendre la forme notamment de manifestations culturelles et d'événements variés et qui permettent de renforcer notre coopération pour répondre aux aspirations de nos peuples.

L'Afrique du Sud succédera à la Chine pour présider les BRICS et accueillera l'événement majeur que constituera le 10e Sommet des BRICS ainsi qu'un certain nombre d'événements et de réunions en 2018.

En tant que prochain pays assurant la présidence, nous ferons en sorte d'assurer une transition harmonieuse entre les deux présidences, pour tous nos partenaires, et nous nous appuierons sur le travail accompli par la Chine et par l'ensemble de nos partenaires BRICS.

Pour conclure, l'Afrique du Sud félicite la Chine pour la façon exceptionnelle dont elle a assumé son rôle de présidente et se joint à ses partenaires des BRICS pour acclamer les exploits réalisés au cours de cette première décennie d'or de coopération. Nous sommes convaincus que la prochaine décennie sera encore plus riche en succès. (Veuillez être assurés que l'Afrique du Sud soutient totalement la Chine dans l'organisation du Sommet de Xiamen et souhaite que les objectifs qu'elle s'est fixés puissent être atteints.) 


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Source:La Chine au Présent
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