Surmonter les obstacles pour lutter contre la vente pyramidale

La police de Tianjin a lancéle 6 août et pendant 20 jours une campagne massive de lutte contre les ventes pyramidales suite au décès le mois dernier dans l'arrondissement de Jinghai de Li Wenxing et de Zhang Chao, deux jeunes hommes tombés dans une arnaque à l'emploi.

Les ventes pyramidales ont été introduites en Chine par des sociétés occidentalesde vente directe dans les années 1980. La vente directe consiste en la promotion et la vente directement aux consommateurs, l'absence de coûts de transport et de d'intermédiation permettant d'abaisser le prix des produits. Les liens familiaux étant très forts en Chine, les consommateurs ciblés étaient au début les membres du cercle familial. De nombreuses personnes réussissaient à convaincre certains de leurs proches pour en faire des vendeurs directs ou des petits distributeurs afin de gagner un peu d'argent. Peu à peu, certaines initiatives de ce type se sont transformées en vente pyramidale, les « investissements » remplaçant les produits.

Le gouvernement chinois a interdit les activités de toutes les entreprises de vente directe en 1998, même si Amway et Sunrider avaient pu obtenir des licences d'exploitation pour vendre leurs produits dans des magasins de vente au détail avant l'interdiction. L'interdiction fut prolongée jusqu'à ce que le Conseil des affaires d'Etat – le Cabinet chinois – promulgue la Réglementation sur la gestion de la vente directe et l'Ordonnance sur l'interdiction des ventes pyramidales. En distinguant la vente directe de la vente pyramidale, la réglementation interdit de telles escroqueries. Le droit pénal stipule par ailleurs que les initiateurs de vente pyramidale sont passibles de peines de prison et de lourdes amendes selon la gravité du délit.

Les ventes pyramidales n'ont pas pour autant cessé. Les initiateurs et leurs sbires ont des liens très intimes du fait des relations familiales et d'amitié, d'où la difficulté de les identifier. Il est aussi difficile de savoir d'où vient l'argent que les escrocs ont prélevé, et encore plus de le récupérer. Ces escrocs s'arrangent par ailleurs pour mettre leur argent au frais, et même s'ils sont emprisonnés, ils l'utilisent une fois libérés pour se lancer dans de nouvelles arnaques.

Beaucoup continuent de telles arnaques dans différents endroits pour éviter d'être arrêtés. D'autres continuent malgré les pressions. Les ventes pyramidales touchent de nombreuses régions de Chine, grâce à internet et à des plans d'investissement frauduleux visant à attirer de nouveaux « investisseurs » ou de nouvelles recrues.

Pour lutter contre ces escroqueries, les autorités ont renforcé leur action au niveau interrégional et traitent les cas de vente pyramidale comme des crimes contre les biens, les escrocs étant alors plus sévèrement punis. Comme il est difficile de distinguer la vente directe de la vente pyramidale, le gouvernement doit durcir la législation sur la vente directe pour éviter qu'elle ne serve de paravent à des escroqueries.

De plus, comme les escroqueries se déroulent souvent sous prétexte de réunions familiales ou de stages de formation afin de continuer à prélever des fonds, les autorités en charge de la lutte et les organisations locales doivent se servir du « système de gestion du réseau » – un mécanisme administratif numérique visant à surveiller et rechercher les flux suspects de personnes et d'argent – pour les arrêter. En fait, une surveillance stricte des flux financiers peut permettre de mettre fin à une arnaque très rapidement.

Les autorités judiciaires peuvent pour leur part demander à la police d'intensifier la recherche des personnes disparues pour localiser les personnes qui participent à ces escroqueries et renforcer les peines s'ils sont coupables de restriction de la liberté personnelle d'autrui ou s'ils forcent leurs victimes à participer à leurs activités criminelles.

Ce n'est qu'en conjuguant leurs efforts que la police, le système judiciaire et le public pourront définitivement se débarrasser de la vente pyramidale.