Un think tank exhorte l'UE à entamer des pourparlers de libre-échange avec la Chine

L'Union européenne (UE) devrait reconsidérer sa politique vis-à-vis de la Chine et réinitialiser son portefeuille de priorités en lançant rapidement des négociations bilatérales de libre-échange, ce qui permettrait aux deux parties de s'engager fermement dans la mondialisation, ont déclaré mardi des experts d'un important think tank (groupe de réflexion) chinois.

Suite à l'appel récent du Premier ministre Li Keqiang pour une étude de faisabilité sur des négociations bilatérales de libre-échange, les experts ont déclaré que de telles actions sont essentielles pour amortir l'impact négatif croissant des différents défis mondiaux.

« Face à l'évolution rapide de l'environnement mondial, l'Union européenne doit accélérer ses démarches pour reconsidérer ses priorités en traitant avec la Chine », a déclaré Chi Fulin, président de l'Institut chinois pour la réforme et le développement, lors du Forum Europe-Chine qui s'est terminé mardi.

« Je pense qu'une des priorités les plus urgentes devrait être la tenue de négociations de libre-échange UE-Chine, que l'UE a déjà entamées ou conclues avec plusieurs partenaires asiatiques », a affirmé M. Chi, qui menait un groupe d'experts chinois à ce forum organisé par la Mission de la Chine auprès de l'Union européenne, l'Institut chinois pour la réforme et le développement, ainsi que le think tank Friends of Europe, basé à Bruxelles.

M. Chi a indiqué que la large reconnaissance mondiale de l'initiative de « La Ceinture et la Route », qui vise à connecter davantage l'Asie, l'Europe et l'Afrique, devrait servir de « nouveau déclencheur » pour que l'UE réinitialise son portefeuille de politiques économiques et commerciales en ce qui concerne la Chine.

Il a ajouté que la Chine avait proposé un large « réseau de libre-échange » qui relierait tous les pays participant à l'initiative de « La Ceinture et la Route », ce qui devrait également être dans les intérêts de l'UE, qui est un précurseur mondial et un champion du libre-échange et de la mondialisation.

« Donc logiquement, l'UE, dont un grand nombre d'Etats membres se sont déclarés enthousiastes de participer à l'initiative de "La Ceinture et la Route", devrait s'engager avec la Chine dans le lancement d'études de faisabilité de libre-échange, et ce dès que possible », a poursuivi M. Chi.

Mais l'UE n'a pas répondu à la proposition de la Chine.

Lors du sommet UE-Chine tenu plus tôt ce mois-ci, le Premier ministre Li a déclaré qu'il « soutiendrait pleinement » des pourparlers de libre-échange si l'UE acceptait de les entamer.

L'entrave majeure avancée par l'UE semble être que les deux parties ont déjà établi la liste de leurs plans de coopération 2020, sur laquelle les négociations pour un pacte d'investissement bilatéral tiennent une place prépondérante. Les Européens estiment que les négociations commerciales ne pourront être lancées qu'après la conclusion des négociations du pacte d'investissement.

Chi Fulin a exhorté l'UE à combiner les négociations en cours avec des négociations sur un accord de libre-échange, ce qui manifesterait les « ambitions approfondies » des deux parties pour renforcer les relations économiques.

En réponse à la proposition de M. Chi, la commissaire européenne au commerce Cecilia Malmström a déclaré que l'UE adopterait une « approche réaliste » en examinant la proposition, notant qu'il faudrait aussi du temps pour que la Commission européenne « obtienne un mandat » des Etats membres afin d'entamer de tels pourparlers.

Yang Yanyi, cheffe de la mission de la République populaire de Chine auprès de l'Union européenne, a également demandé aux deux parties d'approfondir la confiance et la coopération pour faire face aux incertitudes mondiales.

Elle a confirmé que le lancement d'une étude de faisabilité sur les pourparlers de libre-échange est de très grande importance pour la Chine.

Lors du forum, des représentants d'entreprises ont activement réagi à la proposition de libre-échange entre la Chine et l'UE.

« Cet arrangement, à mon avis, réduira énormément les coûts et les droits de douane et éliminera de nombreux obstacles pour les deux parties », a déclaré Liu Miao, président du groupe LuzhouLaojiao, un important producteur d'alcool de la province du Sichuan.

Durant le forum, M. Liu a indiqué que la Suisse et l'Islande ont déjà donné d'excellents exemples à l'UE pour exploiter de tels accords commerciaux avec la Chine. « Nous pensons que cela peut également devenir une réalité entre la Chine et l'UE, (qui sont deux) économies influentes du monde », a ajouté M. Liu.

Zhao Jinping, chercheur au Centre de recherche pour le développement auprès du Conseil d'Etat, un groupe de réflexion affilié au gouvernement central, a également exhorté l'UE d'accélérer la vitesse à laquelle elle s'engage avec la Chine, que ce soit en termes économiques ou stratégiques.

« Face aux nouveaux éléments liés à la mondialisation, nous devons distinguer les éléments négatifs des positifs », a déclaré M. Zhao. « « A mon avis, l'initiative de "La Ceinture et la Route" est une contribution positive de la Chine pour le bien public mondial ».

Il a ajouté que les activités d'investissement et de commerce entre la Chine et les pays participant à l'initiative de « La Ceinture et la Route » sont solides, ce qui a permis de jeter des bases solides pour approfondir les négociations de libre-échange et former des réseaux de libre-échange.

« Face à l'augmentation des incertitudes et des défis, la Chine et l'UE devraient travailler ensemble pour injecter davantage de confiance et de certitude dans ce monde multilatéral », a affirmé M. Zhao.

Il a noté que le président des Etats-Unis Donald Trump a adouci son ton à l'égard de la Chine et a manifesté son intérêt pour l'initiative de « La Ceinture et la Route ».

M. Zhao a également fait savoir que le risque d'une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a déjà considérablement diminué suite à des contacts intensifs entre les deux pays au cours des derniers mois.

« Ceci est un bon rappel pour l'UE, et nous espérons que l'UE pourra remplacer ses politiques vis-à-vis de la Chine, qui ont été créées dans des circonstances différentes », a déclaré M. Zhao. « Elle doit rendre ses politiques applicables à la nouvelle situation de ce monde en constante évolution ».