La modernisation de l'aviation menée par la COMAC pourrait déclencher un renouvellement plus large du secteur manufacturier chinois

La société Commercial Aircraft Corp of China (COMAC) est le fabricant, appartenant à l’État, du C919, l'avion de ligne qui a catapulté la Chine dans les rangs des quelques rares pays qui ont développé leurs propres gros avions de ligne. Et, selon une information publiée jeudi par le Shanghai Securities News, la société prévoit maintenant de créer une entreprise d'investissement. La COMAC devrait ainsi créer un fonds d'investissement de plus de 10 milliards de yuans (1,45 milliard de dollars) pour soutenir les chaînes d'approvisionnement nécessaires aux grands avions à réaction.

D'après les propos d'un membre du personnel non identifié de la COMAC, les investissements initiaux se concentreront sur le développement de composants structurels d'avions fabriqués localement, comme les centrales électriques, les surfaces de contrôle, les systèmes de carburant et les équipements électroniques.

Il est espéré qu'un tel effort pourra contribuer à réinjecter des fonds dans le secteur manufacturier stagnant de la Chine et soulager certains des problèmes qui l'affectent.

De nouvelles preuves du manque de vigueur du secteur manufacturier chinois ont été apportées lorsque l'indice officiel des gestionnaires des achats (PMI) pour le mois d'avril a été annoncé par le Bureau national des statistiques : l'indice est ainsi tombé à son niveau le plus bas depuis six mois à 51,2, une tendance inquiétante, même si elle reste encore au-dessus de la ligne de démarcation de 50 qui sépare l'expansion de la contraction.

Le PMI de fabrication Caixin/Markit, qui concerne les petites entreprises privées, a donné quant à lui une image encore plus sombre, tombant à son niveau le plus bas depuis sept mois, à 50,3 en avril.

Il est généralement admis que le fait de réorienter le pays vers une fabrication haut de gamme est la meilleure voie à suivre. Néanmoins, une transformation comme celle-ci implique des quantités énormes de recherche et de développement, ce qui n'est tout simplement pas possible pour de nombreux petits fabricants qui luttent pour survivre au milieu de difficultés de financement et d'une demande en berne.

Dans ce sens, avec sa future branche investissement, la COMAC pourrait offrir une plate-forme et un tremplin vitaux, permettant à de nombreuses autres entreprises de réaliser leur propre modernisation. On pourrait donc dire que les ambitions de la Chine en matière d'aviation stimuleront la modernisation de la fabrication de tout le pays et seront l'illustration d'un mode de développement chinois qui contribuera toujours à faciliter les percées. Des plates-formes similaires pourraient pousser comme des champignons avec des entreprises comme la COMAC, qui serviraient de base aux efforts de modernisation, offrant un soutien à un grand nombre de fabricants plus petits pour grimper dans l'échelle industrielle.