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He Yafei: Comment la Chine peut redynamiser la mondialisation

French.china.org.cn | Mis à jour le 16. 12. 2016 | Mots clés : mondialisation

He Yafei, conseiller du Centre pour la Chine et la mondialisation à Beijing et ancien vice-ministre chinois des Affaires étrangères.

La mondialisation et la gouvernance mondiale ont connu des bouleversements sans précédent cette année, d'abord avec le référendum du Royaume-Uni pour quitter l'UE et maintenant avec l'élection de Donald Trump comme prochain président américain.

Cette tendance prend de l'ampleur en Europe, de l'Italie à la France, en Allemagne et au-delà. Elle affecte les écosystèmes politiques et provoque une division sociale qui dépasse les clivages traditionnels entre les races et les sexes. Pour citer un sage américain anonyme, « l'Amérique pourrait commencer à entrer dans la société de classe décrite par Karl Marx. Comme c'est ironique ! »

Cette tendance en surprend plus d'un, notamment parmi les élites, qui s'interrogent sur les raisons et les conséquences sur le futur des Etats-Unis, de sa démocratie libérale et de son néo-libéralisme économique, ainsi que sur l'avenir de la mondialisation.

Les Etats-Unis entrent-ils dans un modèle isolationniste avec un retrait de plus en plus marqué de leur présence dans le monde ? Donald Trump dirigera-t-il un mouvement antimondialisation qui paralysera le libre-échange et l'investissement ? Cela va-t-il induire un recul de la mondialisation ou inaugurer une nouvelle ère avec de nouveaux paradigmes ?

Pendant ce temps, la Chine a maintenu sa croissance rapide, et son modèle de développement suscite l'attention de nombreuses nations. Avec son influence mondiale croissante, elle a plongé dans la gouvernance mondiale avec enthousiasme et détermination.

Le président Xi Jinping a récemment prononcé un discours très salué lors de la réunion des dirigeants économiques de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) à Lima, en soulignant les efforts continus de la Chine pour promouvoir le libre-échange et l'investissement, et en particulier pour accélérer le rythme des négociations sur un accord de libre-échange concernant les membres de l'APEC.

Les Etats-Unis constituent indubitablement une force majeure dans l'avenir de la mondialisation, comme l'indique le débat qui vise à déterminer si « la mondialisation signifie une américanisation du monde ».

Il y a deux choses qui semblent influencer l'engagement des Etats-Unis dans la mondialisation et la gouvernance mondiale. Le sentiment que la mondialisation n'est plus sur la piste de l'américanisation en est une, d'où le slogan sur « l'Amérique d'abord » entonné par Donald Trump. Cela présage un rejet par la nouvelle administration américaine des accords de libre-échange multilatéraux et la renégociation des accords bilatéraux pour obtenir un retour du secteur manufacturier aux Etats-Unis. Savoir si de tels efforts auront l'effet escompté est une autre histoire.

L'autre est une continuation du repli stratégique global américain pour se concentrer sur les questions politiques et économiques nationales avec une approche des affaires internationales tournée sur l'intérieur, un mouvement qui a commencé en 2009.

Le monde sera probablement témoin de nouveaux repli stratégiques américains et d'un retrait des engagements mondiaux qui créeront de nouveaux paradigmes dans différentes régions du monde. Si le prochain président Donald Trump décide de « rendre à l'Amérique sa grandeur » en tentant de maintenir la supériorité militaire américaine sur la Russie et la Chine, on peut dire que ce mouvement s'opèrera à la fois vers l'intérieur et vers l'extérieur. Bien sûr, tout cela relève encore du domaine de l'inconnu, mais la politique américaine à l'égard des grandes puissances comme la Russie et la Chine et à l'égard de la mondialisation doit être surveillée de près.

Ce qui peut être prédit avec certitude, c'est que sous la direction de Donald Trump, les Etats-Unis vont reculer dans des domaines critiques comme l'engagement envers l'Accord de Paris sur le changement climatique.

Certains experts suggèrent que la Chine devra prendre la tête de la lutte contre les défis mondiaux. La pression qui pèse sur la Chine deviendra plus forte, mais nous devons faire preuve de prudence. La meilleure solution est de continuer à discuter avec les Etats-Unis et de ne pas les laisser abandonner leurs responsabilités.

Sur une note positive, nous pouvons être certains que la mondialisation ne disparaîtra pas du jour au lendemain, car depuis plusieurs décennies, elle stimule la croissance économique de tous les pays à un niveau sans précédent et rapproche les nations.

L'accent devrait être mis sur la façon de « rendre à la mondialisation sa grandeur », plutôt que sur la disparition de la mondialisation.

Les Etats-Unis, en dépit des propos de Trump, ne peuvent pas se retirer de la toile d'intérêts qui les lie à leurs partenaires économiques et politiques. Il est vrai toutefois que nous devons faire plus d'efforts pour remédier aux déficiences de la gouvernance mondiale en promouvant la justice sociale et l'équité, notamment en réduisant les écarts de richesse dans et entre les pays. En outre, nous devons commencer à réfléchir sérieusement à la relation entre le capital et le travail comme le suggérait l'économiste français Thomas Piketty dans Le Capital au XXIe siècle.

Avec un éventuel repli et retrait partiel de l'engagement mondial des Etats-Unis, le rôle de la Chine deviendra plus important et décisif. Les attentes s'élèvent sur les apports potentiels de la Chine pour redorer le blason de la mondialisation. Ce ne sera pas seulement une tâche onéreuse pour la Chine, cela aura également un impact sur l'avenir de la mondialisation.

La Chine devrait garder la discussion ouverte avec les Etats-Unis lorsque l'administration Trump entrera en fonction et renforcer la coopération sur les questions d'intérêt commun.

Nous savons tous qu'un consensus fondamental et une coopération globale entre les Etats-Unis et la Chine sont essentiels pour déterminer le rythme et la direction de la mondialisation pour les prochaines décennies.

 

 

He Yafei, conseiller du Centre pour la Chine et la mondialisation à Beijing et ancien vice-ministre chinois des Affaires étrangères

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Source: french.china.org.cn

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