L'internationalisation du yuan aidera le développement mondial

Par : LIANG Chen |  Mots clés : yuan
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-06-2016

 

Le 30 novembre 2015, le conseil exécutif du Fonds monétaire international (FMI) a décidé d'inclure le yuan dans le panier de devises composant les droits de tirage spéciaux (DTS). Le yuan sera donc, à partir du 1er octobre 2016, la cinquième devise du panier des DTS, avec une pondération qui le place devant le yen japonais et la livre sterling britannique. C'est un événement remarquable dans l'internationalisation du yuan, et il a été évoqué tant par le président Xi Jinping lors de ses vœux pour la nouvelle année 2016 que dans le rapport d'activité du gouvernement présenté par le premier ministre Li Keqiang.

L'internationalisation du yuan est un choix important pour la stratégie financière du pays et une grande tentative pour la Chine. Pour la première fois dans l'histoire, la monnaie d'un pays en voie de développement obtient le statut de monnaie internationale principale. Pourtant il n'y a rien d'étonnant à ce que la monnaie d'un pays influent dans le monde s'internationalise. L'internationalisation du yuan revêt une signification stratégique profonde pour l'émergence économique de la Chine et signe le grand renouveau de la nation chinoise. D'ailleurs, dans la nouvelle normalité, construire un système économique plus ouvert est l'une des clés de l'approfondissement de la réforme. Par conséquent, l'internationalisation du yuan contribuera à résoudre les problèmes auxquels est confrontée l'ouverture de l'économie chinoise.

Feuille de route pour l'internationalisation du yuan

Avant 2008, le rôle international du yuan était anecdotique et consistait principalement en l'utilisation de la monnaie chinoise pour des transactions commerciales transfrontalières ou le tourisme à l'étranger. Tout au début, c'étaient les touristes du continent visitant Hong Kong et désireux de faire leurs achats en yuan, à qui les commerçants locaux proposaient une solution : ils acceptaient le yuan mais facturaient une commission, ce qui revenait à payer 12 yuans une marchandise d'une valeur de 10 dollars hongkongais. C'était là la première forme de circulation internationale de la monnaie chinoise. L'accumulation de yuans a fini par former un marché du yuan à Hong Kong. Dans cette période, le yuan dans le commerce transfrontalier représentait l'essentiel de l'internationalisation du yuan.

La crise financière internationale de 2008 a été l'occasion d'une nouvelle étape dans l'internationalisation du yuan. Face à la pénurie internationale de liquidités et de moyens de paiement qui menaçait le commerce d'une rupture des financements, la Chine qui disposait de réserves de change importantes a signé des accords d'échange de devises avec d'autres pays, faisant jouer au yuan son premier rôle sur la scène internationale. En décembre 2008, les banques centrales chinoise et sud-coréenne ont signé un accord d'échange de devises d'une valeur de 180 milliards de yuans. Chacune des parties signataires de cet accord peut demander à l'autre une facilité de financement. De fait, c'est principalement la Chine qui fournit ce service de liquidités aux autres pays, et c'est la responsabilité d'une grande puissance. La monnaie chinoise peut servir de liquidités à des pays étrangers par ces échanges de devises. Une étape importante était franchie vers l'internationalisation du yuan.

C'est en juillet 2009 que le gouvernement a lancé officiellement l'internationalisation du yuan, faisant de quelques villes pilotes, dont Shanghai, les pionnières du règlement en yuan de transactions commerciales transfrontalières, une mesure ensuite élargie à l'ensemble du pays pour le commerce avec l'ensemble du monde. Par la suite, l'utilisation du yuan s'est ouverte aux investissements, et enfin à la détention d'avoirs chinois par des investisseurs étrangers, notamment la détention de yuans par les banques centrales étrangères comme réserve de devises. Le marché financier chinois manquait de maturité en raison du contrôle des capitaux qui y régnait. C'est pourquoi le gouvernement chinois a encouragé le développement d'un marché du yuan offshore à Hong Kong et à l'étranger, toujours dans l'optique de promouvoir l'internationalisation du yuan.

Pendant longtemps, le gouvernement chinois se refusait à parler d'« internationalisation du yuan », remplaçant ce terme par « utilisation transfrontalière » de la monnaie chinoise. Il aura fallu attendre le mois de juin 2015 pour que la Banque populaire de Chine publie son Rapport sur l'internationalisation du yuan qui employait cette expression pour la première fois officiellement. Cela marquait une nouvelle étape dans ce processus.

Ces six dernières années, l'internationalisation du yuan a fait de grands progrès. Plus de 20 % du commerce extérieur chinois s'effectue sur des comptes en yuan, et la Chine a signé des accords d'échange de devises avec 33 banques centrales dans le monde, pour une valeur cumulée de 3 300 milliards de yuans. Par ailleurs, plus de 500 milliards de yuans ont été émis sous la forme d'emprunts internationaux. 4 400 milliards de yuans de capitaux en Chine sont détenus par des propriétaires étrangers et près de 2 000 milliards de yuans circulent sur les marchés offshore. Par ailleurs, le yuan a obtenu en octobre 2015 le statut de monnaie de réserve dans 38 pays étrangers. En mars 2016, le FMI a annoncé qu'il allait dresser une liste séparée pour le yuan dans la composition de son panier de monnaies de réserves de change. Dans le même temps, les opérations en yuan se sont développées rapidement, notamment sur les marchés offshore de Hong Kong et de Londres.

Une grande marge de développement

Mais il reste un grand espace de développement pour l'internationalisation du yuan. Le yuan, monnaie d'un pays en développement, est la cinquième monnaie du panier des DTS, aux côtés du dollar américain, de l'euro, du yen japonais et de la livre sterling britannique. Le yuan représente 10,92 %, dont 10 % en provenance du commerce et moins de 1 % de la finance générale, du nouveau panier des DTS où il occupe la troisième place. Cette part a été déterminée en fonction de l'importance relative des exportations des cinq principales puissances économiques et de leurs places financières, compte tenu des réserves de devises, de l'endettement des banques nationales et du solde des emprunts internationaux, ainsi que des opérations en devises étrangères. Le commerce et la finance représentent chacun 50 % du total. Si l'internationalisation du yuan a fait des progrès notables, il lui reste encore un grand écart à combler pour rattraper les autres monnaies internationales. Cela indique qu'une grande marge de développement s'offre àson internationalisation dans le secteur financier.

Cette marge de progression est illustrée par l'évolution du panier de monnaies de réserve mondiale. En 2013, le yuan occupait la 7e place, soit une part de 0,7 % ; en 2014, il demeurait à la 7e placemais avec une proportion de 1,1 % réduisant l'écart qui le sépare du dollar canadien (6e), du dollar australien (5e), du yen japonais (4e) et de la livre sterling (3e). Actuellement, l'entrée sur le marché des obligations chinoises et le volume des investissements sont soumis à approbation pour les banques centrales étrangères. De nombreuses banques centrales étrangères souhaitent accroître leur portefeuille de yuan. Dans ce contexte, on peut s'attendre à une augmentation rapide de la part du yuan dans les réserves mondiales. S'il passait à 4 % d'ici deux ou trois ans, il se pourrait bien qu'il devienne alors la troisième monnaie de réserve.

Selon les trois indices financiers des monnaies d'échange libre, la part du yuan dépassera celle du yen japonais et de la livre sterling à un horizon de 5 ans, c'est à dire avant la fin du XIIIe Plan quinquennal. Cependant, il restera une « devise junior », très loin derrière le dollar et l'euro. Cependant d'ici à 2030, le PIB chinois devrait être le premier au monde, ce qui laisse présager une situation où les échanges mondiaux seront ancrés sur trois devises d'importance égale qui seront le dollar américain, l'euro et le yuan.

Contribution de la Chine au monde

L'internationalisation du yuan est l'une des contributions de la Chine au monde. La 5e session plénière du XVIIIe Comité central du Parti communiste chinois l'a annoncé, il faut participer à la gouvernance économique mondiale et œuvrer au bien public pour avoir voix au chapitre sur le plan institutionnel et construire une large communauté d'intérêts. Puisque les droits de tirage spéciaux sont un bien public important, l'internationalisation du yuan signera l'optimisation, le perfectionnementet la réforme de l'ordre financier et économique international. Après la Seconde Guerre mondiale, les pays développés dominaient la gouvernance mondiale et ce sont eux qui ont contrôlé l'élaboration des règles internationales. Les pays en voie de développement doivent leur statut subordonné actuel à leur manque de droit de parole de l'époque. La conséquence en est un ordre international imparfait et injuste. L'internationalisation du yuan va bénéficier au pluralisme de la finance internationale en rompant le monopole des pays développés, permettant ainsi de rectifier le déséquilibre des intérêts entre les pays développés et les pays en voie de développement, et d'améliorer le système monétaire international basé sur le dollar.

L'internationalisation du yuan contribuera à améliorer le développement mondial. Premièrement, parce qu'il est difficile pour les pays en voie de développement de s'intégrer dans la mondialisation sans des devises de statut international. L'internationalisation du yuan fournit une expérience précieuse pour d'autres pays en voie de développement qui pourront s'engager de plus en plus dans la voie de l'internationalisation de leur monnaie, favorisant le pluralisme du système monétaire international. Deuxièmement, l'internationalisation du yuan offre une option supplémentaire aux utilisateurs des monnaies internationales, accroissant la compétitivité de leur offre, contribuant aussi à améliorer l'environnement financier et monétaire du monde. Enfin, l'internationalisation du yuan facilitera les échanges commerciaux entre pays en voie de développement, approfondira la coopération financière et monétaire, faisant peut-être de la coopération Sud-Sud le nouveau centre de gravité du développement mondial. La Chine pourra ainsi participer à la construction économique de pays tiers dans de meilleures conditions, soutenir leur développement économique et atteindre un objectif gagnant-gagnant.

 

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