Les deux géants asiatiques ont tous deux envoyé des émissaires au cours des deux dernières semaines, chacun adoucissant les termes de leur offre pour ce contrat d'une valeur d'environ 5 milliards de dollars US (4,43 milliards d'euros).

Les analystes estiment que celui qui gagnera deviendra probablement le favori pour d'autres projets ferroviaires à grande vitesse futurs en Asie au cours des prochaines années, notamment celui reliant Kuala Lumpur et Singapour.

Un comité au niveau gouvernemental dirigé par le ministre en chef de l'économie Darmin Nasution s'est réuni lundi pour faire ses recommandations sur le choix du pays qui devrait construire la ligne ferroviaire entre la capitale, Jakarta, et le pôle textile de Bandung.

Le président Joko Widodo devrait annoncer le vainqueur dans les jours qui viennent.

« L'Indonésie penche vers la Chine parce que leur proposition est financièrement moins lourde pour le gouvernement indonésien et parce que la question de la sécurité a été dûment prise en compte », a déclaré à Reuters une source gouvernementale.

Selon une seconde source gouvernementale, l'Indonésie souhaite trouver un équilibre entre les deux puissances dans la distribution des projets d'infrastructure de grande envergure. Le Japon détient déjà des contrats pour construire le système de transport rapide de masse de Jakarta et la plus grande centrale électrique au charbon de la région.

Les deux sources ont refusé d'être identifiées en raison de la sensibilité diplomatique de la question pour Jakarta et des enjeux économiques. Le Japon est le deuxième plus grand investisseur en Indonésie, tandis que la Chine est son premier partenaire commercial.

« Nous avons deux partenaires et ce sera une bonne chose si nous pouvons conserver les deux. Nous devons être intelligents lors de la prise de cette décision », a déclaré vendredi dernier à Reuters Luky Eko Wuryanto, vice-ministre des infrastructures et le développement régional de l'Indonésie, après avoir rencontré l'ambassadeur de Chine en Indonésie.

La ligne ferroviaire de 150 km devrait réduire le trajet entre Jakarta et Bandung à 35 minutes, contre environ trois heures actuellement. Les trains devraient atteindre des vitesses de plus de 300 km/h.

L'Indonésie espère étendre la ligne plus tard, afin de connecter Jakarta à la ville de Surabaya.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a envoyé la semaine dernière un émissaire pour proposer une offre plus attractive avant la date limite de lundi ; c'était la deuxième révision de l'offre du Japon en deux semaines.

Selon un ministre, cette dernière manœuvre du Japon a suscité des protestations de la Chine, qui a déclaré qu'il était injuste que le Japon ait été autorisé à soumettre une nouvelle offre si près de la date limite.

De son côté, la Chine avait déjà proposé une offre plus favorable en août.

Le Japon avait d'abord cru qu'il avait remporté le contrat après avoir finalisé une étude de faisabilité de plus de 3 millions de dollars US (2,65 millions d’euros), mais en mars, le président Widodo avait sollicité d'autres offres afin d'obtenir les meilleures conditions.

La Chine a proposé un prêt de 73 920 milliards de roupies (4,67 milliards d’euros) sur 50 ans et un taux d'intérêt de 2% en dollars américains.

Le Japon a quant à lui offert un prêt de 60 140 milliards de roupies remboursable sur 40 ans à un taux de 0,1% d'intérêt en yens, avec une période de grâce de 10 ans.

Sa dernière proposition offre également des garanties sur le financement japonais et augmente le pourcentage de contenu local.