Le financement participatif en Chine

Par : Yann |  Mots clés : financement, participatif, 
French.china.org.cn | Mis à jour le 16-04-2015

Le 20 janvier 2015 a eu lieu la cérémonie d'inauguration de la Shenzhen Crowdfunding Association, qui surfe sur la tendance du financement participatif.

Récemment découvert par les Chinois, le principe du financement participatif commence tout juste à prendre racine en Chine. Notre journaliste vous emmène voir comment il fonctionne, et les perspectives qu'il possède.

Avant de publier son nouveau livre, Wei Yao, un photographe chinois a décidé de lancer un projet de financement participatif sur le site zhongchou.cn. Grâce à ce site, durant un mois, sa maison d'édition va pouvoir sonder les perspectives de vente du livre. Cela permettra également de populariser le livre et d'attirer les éventuels lecteurs.

Actuellement, de plus en plus de projets d'édition chinois essayent de promouvoir leurs publications par le financement participatif, notamment celles ciblées pour les jeunes.

L'arrivée du financement participatif en Chine

zhongchou.cn est actuellement le site de financement participatif le plus important de Chine. Il regroupe des appels au financement de plus de 2 000 projets allant des produits technologiques aux appels aux dons, en passant par les projets artistiques, les produits agricoles mais aussi les projets d'édition. La personne qui demande le financement peut mettre en ligne un article, des photos ou des vidéos pour présenter le contenu, les particularités, le mode d'investissement et les retombées attendues de son projet. Dans un délai fixé, les internautes peuvent choisir de verser leur contribution au projet.

Comme l'achat groupé, devenu très populaire en Chine depuis quelques années, le financement participatif est également un produit occidental. Il est apparu pour la première fois aux États-Unis en 2009 avec le lancement du site kickstarter qui représente les débuts de ce mode de financement. En 2013, le site avait enregistré 9,53 milliards de dollars d'investissement pour plus de 55 000 projets, et comptait 5,5 millions d'investisseurs. Ce mode d'investissement commence à se populariser en Chine.

Le nombre de sites de financement participatif en Chine a suivi une rapide expansion en 2014. C'est devenu une véritable tendance des services de e-finance chinois. 3 ans auparavant, ce type de financement avait déjà tenté une entrée en Chine : en juillet 2011, le site demohour.com avait été mis en ligne. C'était l'un des premiers sites de financement participatif en Chine. zhongchou.cn a, lui, été créé en février 2013. Presque au même moment, He Chengyao, artiste chinoise contemporaine, a entendu parler pour la première fois du financement participatif et décidé d'essayer sur les conseils de ses amis.

Du mois de février à mars 2013, elle a vendu 100 heures de sa vie comme un projet artistique. Elle peignait un point par seconde sur une feuille blanche pendant une ou deux heures, parfois plus longtemps, pour créer une peinture. Elle considérait ça comme une méthode de méditation créative. La peinture créée servait de retour aux investisseurs. En tout, 54 personnes ont financé le projet, dont des collectionneurs d'art, des artistes, des conservateurs de musée. He Chengyao et son fils ont aussi financé le projet. Elle explique : « chaque heure coûtait 2 000 yuans. J'ai collecté 200 000 yuans au total. Comme ce n'était pas cher, ça s'est vendu très vite. » He Chenyao est une artiste renommée. 2 000 yuans par peinture pour une artiste de son niveau, c'est vraiment bon marché.

He Chengyao a reconnu qu'elle ne marchandait pas bien, et que c'était là son point faible. Le financement participatif est donc une bonne alternative pour elle et les artistes qui ne savent pas vendre leurs créations. Le site s'occupe pour eux de la promotion et de la gestion financière. L'artiste peut dès lors se concentrer sur sa création. Selon He Chengyao, l'interaction que permet le financement participatif fait partie de l'art, elle a obtenu la satisfaction de créer à travers ce processus et elle va continuer à lancer d'autres projets artistiques avec des financements participatifs.

Financement frauduleux ?

Comme toutes les nouveautés au début, le financement participatif n'a pas eu le vent en poupe tout de suite en Chine. Les gens l'assimilaient avec de la collecte illégale de fonds. À la fin des années 90, les Chinois se méfiaient beaucoup de ces collectes illégales. Elles attiraient les investisseurs par des mirages de retour sur investissement élevés. Mais elles comprenaient de grands risques, voire étaient carrément frauduleuses. Mais le financement participatif n'est pas uniquement une collecte de fonds. Les investisseurs ne s'intéressent pas uniquement au retour sur investissement, ils participent aussi au projet. De plus, la plate-forme de financement participatif possède également un rôle de contrôle, et détermine des exigences concrètes sur le projet, les processus opérationnels et les résultats.

Alors que la plupart pensaient que le financement participatif était quelque chose d'illégal, certains y ont vu une opportunité commerciale. Ainsi, Feng Lun, président de Groupe Vantone a investi 40 000 yuans dans un projet en ligne appelé « Un jardin sur le toit » sur le site zhongchou.cn. en été 2014. C'était un projet lancé par un groupe de travail de son entreprise. Zhang Xun, responsable de ce projet, avait décidé de lancer son projet en ligne sur zhongchou.cn. Le patron de l'entreprise l'a soutenu car le projet représentait la ligne de développement de Vantone. En effet, depuis 2009, Feng avait commencé à promouvoir le concept de « ville en trois dimensions ».

Le projet était de cultiver des légumes sur les toits des immeubles. L'idée consiste à vendre de la terre au mètre carré. Finalement, le projet a obtenu 210 000 yuans de fonds, et les investisseurs sont devenus des « paysans urbains ». Feng Lun a acheté 4 m² de terre, et a amené sa famille et ses amis à venir y planter des légumes. La parcelle achetée permet aussi de faire des soirées, des concerts et d'autre événements si l'on a envie.

En décembre 2014, nous avons rencontré Zhang Xun au siège de Groupe Wantone à Beijing. Mais comme nous étions en hiver, le jardin était malheureusement fermé. Mais son équipe travaille déjà sur un autre projet : la prévente du « système de culture à la maison ». Cette fois-ci, l'idée est d'apprendre aux gens à cultiver eux-mêmes leurs légumes chez eux ou au bureau. Si ce projet de financement participatif réussit, l'équipe demandera à l'usine de fabriquer une étagère pour faire pousser les légumes avec des LED, et fournira aux investisseurs le substrat en tourbe de coco d'Australie, les engrais organiques et les semis, et leur apprendra à utiliser la « maison à légumes » et la « maison à champignons » développées par l'entreprise.

Le financement participatif amène donc finalement des idées créatives et permet de créer beaucoup d'emplois. C'est un moyen de développer sa créativité.

Un secteur en plein boom

Que ce soit les projets artistiques ou celui de Vantone, ils doivent toujours fournir un produit fini aux investisseurs. C'est la règle actuelle du financement participatif en Chine. Si le mécanisme de surveillance venait à faillir, les risques de financements illégaux augmenteraient. Le gouvernement chinois gère ce domaine avec beaucoup d'attention. Les site de financement participatif font aussi plus attention aux produits ou aux projets concrets et évitent les projets liés à l'actionnariat par exemple.

Au début de 2014, le site demohour.com a annoncé se transformer en plate-forme de prévente de matériel intelligent. Zhang You, le PDG du site, explique ce changement par la situation actuelle. « Par rapport aux investisseurs étrangers, les investisseurs chinois cherchent plutôt un revenu réel, ils espèrent toujours un retour sur investissement concret. Leur façon de concevoir le financement participatif est différent du concept à l'étranger. » Toutefois, le financement participatif possède ses avantages : le seuil de financement est bas, ses capacités d'utilisation élargies et son fonctionnement simple. Il peut aider à créer une start-up, et à soutenir les petites et micro-entreprises. Les sites de financement participatif ne veulent évidemment pas abandonner leur part du grand gâteau du marché chinois.

Puisqu'on parle de gâteau, parlons du yaourt : Liu Tao a ouvert trois boutiques de yaourt glacé à Hohhot en Mongolie intérieure. Mais ouvrir un magasin à Beijing n'est pas aussi facile. Il a fait appel au financement participatif et en septembre 2014, Liu Tao a lancé son projet de « Boutique UGO » sur le site renrentou.com, envisageant de collecter 600 000 yuans. Il a investi lui-même 120 000 yuans, et en dix jours, 28 investisseurs ont investi les 480 000 yuans manquants. Ils ont créé un groupe de discussions sur QQ (la messagerie instantanée la plus utilisée en Chine) et discutaient tous les jours des détails de leur future boutique : l'emplacement, la décoration, etc. À la fin du mois de décembre de la même année, Liu Tao a ouvert sa première boutique de yaourts à Beijing. Elle occupe 12 m² et est située dans le quartier commerçant de Wudaokou. Sur les murs, il a collé les photos de ses 28 investisseurs pour les remercier.

Le gouvernement chinois se penche avec sérieux sur les questions liées au financement participatif. Le 18 décembre 2014, la SAC (Securitie Association of China) a promulgué un Règlement provisoire sur le financement participatif et les fonds d'investissement privés. Selon ce règlement, l'investisseur doit être une personne possédant plus de 3 millions de yuans de moyens financiers ou ayant réalisé une recette annuelle de plus de 500 000 yuans dans les trois dernières années. Ce qui revient à dire que la plupart des investisseurs de la boutique de Liu Tao n'avaient en fait pas le droit d'investir. Mais le 26 décembre 2014, Zhang Xiaojun, porte-parole de la Commission de contrôle boursier de Chine a déclaré lors d'une conférence de presse : « Les règles concernant le financement participatif en capital-investissement sont en train d'être révisées. » Il est prévu que le gouvernement et l'association lanceront des règles précises pour promouvoir le développement durable du financement participatif.

Selon les données de 01caijing.cn d'août 2014, la Chine compte actuellement quelques 80 sites Internet de financement participatif, et 9 nouveaux ont été mis en ligne pendant le mois d'août dernier. Ces données montrent qu'en Chine, l'histoire du financement participatif, mode de financement le plus en vogue de l'e-finance, vient seulement de commencer.

 

HU YUE

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