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L'engouement des étudiants chinois pour le vin

French.china.org.cn | Mis à jour le 07. 03. 2015 | Mots clés : engouement,étudiants chinois,vin

Un nombre croissant d'étudiants chinois s'intéressent à la culture française et à l'industrie du vin, affirme l'Agence France-Presse en reportage à Bordeaux.

Wu Zhiyi a parcouru un long chemin depuis qu'il a sa première gorgée de vin - un verre mélangé avec du soda, qu'il a bu cul sec.

Deux ans plus tard, ce jeune étudiant de 23 ans séjourne à Bordeaux et distingue sans peine différents cépages en remuant un verre sous son nez.

Wu Zhiyi est l'un des jeunes chinois qui affluent actuellement vers la région sud-ouest, la plus grande région viticole de France, pour se former à des carrières dans cette industrie en plein essor en Chine.

« Il y a dix ans, il était rare qu'un Chinois travaille dans le vin. Aujourd'hui, c'est un secteur comme un autre, mûr pour les affaires », observe Laurent Bergeruc, directeur de l'école de commerce INSEEC, renommée pour ses cours sur les vins et les spiritueux.

Le nombre d'étudiants chinois à l'INSEEC a tellement augmenté ces dix dernières années que Laurent Bergeruc doit aujourd'hui refuser des candidatures.

Dans le cursus de marketing du vin de l'école, 13 % des étudiants viennent de Chine.

Dans d'autres écoles, la proportion d'étudiants chinois est encore plus élevée. Dans l'établissement de Wu Zhiyi, Cafa, une école privée qui forme les jeunes au secteur de l'hôtellerie, les étudiants chinois représentent 48 % du cursus pour des sommeliers.

Cette tendance reflète l'évolution du marché du vin au niveau mondial.

En 2013, la Chine a dépassé la France pour devenir le premier pays consommateur au monde de vin rouge, après une augmentation fulgurante de 136 % en seulement cinq ans, selon Vinexpo, le groupe qui organise la plus grande foire aux vins et spiritueux au monde.

La Chine est désormais le cinquième plus grand consommateur mondial de vins en général, après la France, l'Italie, les États-Unis et l'Allemagne.

« J'ai appris qu'il faut 500 ans pour produire un bon vin », rapporte Wu Zhiyi, qui travaille en parallèle de ses études dans un restaurant réputé qui associe la cuisine chinoise aux vins de Bordeaux.

Son camarade de classe Zhou Zhize, aussi âgé de 23 ans, confie qu'il avait « goûté du vin d'Argentine et d'Australie en Chine, mais pas de vin français, car c'était trop cher ».

Pourtant, il a abandonné ses études de biologie pour se lancer dans le vin, en expliquant qu'être inscrit dans une école de Bordeaux est désormais une marque de prestige en Chine.

« On raconte encore que les Chinois mélangent du coca-cola à leur vin », déclare Guo Difan, un étudiant à l'INSEEC âgé de 25 ans.

« Et c'est vrai », ajoute-t-il en riant. « Je l'ai fait aussi quand j'étais plus jeune. Mais aujourd'hui, nous considérons le vin avec plus de sérieux, nous voulons vraiment le comprendre. »

Ce n'est pas toujours facile ; certains sont intrigués par la notion de « terroir », un terme englobant les caractéristiques uniques qu'une certaine région confère à la gastronomie ou au vin et qui forme la base du système de classement des vins en France, l'Appellation d'origine contrôlée (AOC).

« C'est très surprenant », observe Guo Difan, qui effectue un stage chez un vendeur local. « Des châteaux voisins peuvent produire des vins très différents. »

Au départ, les étudiants chinois inscrits à ces cours étaient riches, même très riches, mais comme Guo Difan, de plus en plus ont un emploi pour financer leurs séjours. Les frais de scolarité peuvent s'élever de 3800 euros (4300 dollars) à 20 000 euros.

Puisque les vignobles de Bordeaux ont été parmi les premiers à cibler le marché chinois, les étudiants pensent qu'obtenir un diplôme ici lui ouvrira bien des portes.

Ils sont sollicités des deux côtés, à la fois par les exportateurs de Bordeaux qui cherchent à comprendre le marché chinois, et par les entreprises chinoises qui investissent de plus en plus dans la région, où elles détiennent aujourd'hui une centaine de vignobles, selon le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux.

Le Château Valandraud, qui produit un 1er Grand Cru Classé au classement des vins de Saint Emilion, a deux employés chinois à plein temps.

« Cela nous permet, en évitant de devoir passer par l'anglais, de saisir les subtilités des négociations avec nos clients », explique le propriétaire du château, Jean-Luc Thunevin, qui a vu ses ventes décoller en Chine.

Le Château des Tourtes à Blaye, à 60 km de Bordeaux, prend deux stagiaires chinois tous les ans pour « faciliter la communication » et organiser des voyages en Chine.

Même les écoles de vin explorent désormais le marché chinois.

Zhou Yuchen, jeune pékinoise de 28 ans, était venue à Bordeaux pour obtenir un diplôme de maîtrise en finance, mais elle a été séduite par l'industrie du vin, et a décroché un emploi à Cafa pour aider l'établissement à ouvrir une annexe à Beijing.

Les habitudes de consommation des Chinois sont également en train de changer. Les premiers clients étaient bien nantis, puis la classe moyenne en pleine émergence a développé un goût pour le vin et s'est mise à chercher de bons rapports qualité-prix.

« La dernière fois que je suis retournée chez mes parents, notre voisin m'a demandé mon avis sur les vins qu'il avait dans sa cave », raconte Zhou Yuchen, tandis que Wu Zhiyi explique que ces nouveaux amateurs de vin veulent « que les prix reflètent la qualité ».

Les ventes de vin ont souffert de la campagne actuelle de lutte contre la corruption ces deux dernières années, le gouvernement ayant mis un frein aux banquets somptueux et à l'offre de grands crus, rappelle le chef de Vinexpo Guillaume Deglise.

Cependant, il prévoit un retour de croissance rapide du marché du vin en 2015.

« Nous estimons que 37 millions d'adultes atteindront l'âge de boire au cours des cinq prochaines années en Chine. C'est plus que la population du Canada », a-t-il souligné lors d'une foire Vinexpo organisée à Hong Kong ce mois-ci.

La France est actuellement le principal fournisseur de vins importés en Chine, avec 14,5 millions de caisses en 2013, devant l'Australie, qui a importé 4,1 millions de caisses.

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Source: french.china.org.cn

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