Les autorités postales de Chine ont émis un avis d'urgence dimanche appelant à durcir les contrôles sur les livraisons courantes, après la mort d'un homme qui a manipulé un colis contaminé par des produits chimiques toxiques.

L'affaire, qui a également rendu malade sept autres personnes, a mis en évidence les failles de l'industrie de la livraison express, un des secteurs les plus dynamiques de Chine, alimenté par le boom du commerce électronique.

Le Bureau d'Etat des Postes a demandé à ses branches locales de prendre des mesures, comme l'examen des enregistrements vidéo de surveillance afin de s'assurer que les employés des services de livraison vérifient la provenance des colis, pour éviter qu'ils ne contiennent des produits interdits, dont la livraison de cette manière n'est pas autorisée.

Des peines sévères seront infligées à ceux qui violent la nouvelle réglementation, pouvant aller jusqu'à la suspension des activités ou la révocation de leur licence.

La victime décédée, du nom de Liu, habitait le comté de Guangrao, dans la province du Shandong dans l'est de la Chine, et avait pris livraison d'un colis qui contenait des chaussures pour sa femme, commandées en ligne. Le colis a été livré par Shanghai YTO express le 29 novembre. Selon le bureau de poste provincial du Shandong qui s'est exprimé samedi, M. Liu et les autres victimes ont été empoisonnés par du fluoracétate de méthyle.

Selon la déclaration du bureau, la contamination a eu lieu après qu'un autre paquet contenant ledit produit chimique ait fui alors que les employés déchargeaient des marchandises d'un véhicule dans un entrepôt d'YTO à Weifang, dans la province du Shandong. Cinq employés de la société de livraison sont tombés malades dans les 48 heures suivant l'incident, tandis que deux des personnes ayant reçu le colis sont tombées malades après sa réception.

Le colis avait été envoyé par une usine de produits chimiques de la province du Hubei, qui a affirmé qu'il était « sans danger ». Depuis, l'usine a été fermée.

Le directeur de l'usine a été arrêté par la police samedi, a déclaré un officier de police du poste de police du comté de Guangrao, qui n'a pas révélé son nom.

Selon lui, un suspect d'une succursale locale d'YTO express et un autre d'une entreprise pharmaceutique de Weifang, le destinataire de l'échantillon de produits chimiques, ont été arrêtés le 12 décembre.

Dans des déclarations publiées lors du week-end, YTO s'est excusé auprès des familles des victimes et des personnes tombées malades. Elle a affirmé que l'entreprise ne fuirait pas ses responsabilités et coopérerait avec la police dans l'enquête.

Xinhua a cité les mots d'un porte-parole de la société, selon lequel qu'avant d'accepter le paquet, le personnel de l'entreprise a effectué des contrôles de routine « selon les règles de l'entreprise ».

La succursale de Wuhan d'YTO, qui a été fermée, avait déjà livré des échantillons de cette usine de produits chimiques à trois reprises, mais elle n'avait pas la certification légale pour fournir des éléments dangereux, a dit l'officier de police.

Citant des documents trouvés dans l'usine du Hubei, la Télévision Centrale de Chine a dit que l'usine avait livré des échantillons plus de 20 fois depuis le mois de juin dernier et que plusieurs autres sociétés de livraisons express ont été impliquées.

Plusieurs sociétés de livraisons express ont déclaré dimanche qu'elles ne livraient pas de produits chimiques réactifs car elles ne sont pas certifiées pour le faire, et que la surveillance a été renforcée après le drame du Shandong.

Cependant, Xu Yong, consultant en chef chez China Express et Logistics Consulting, a déclaré que ce contrôle n'empêcherait pas que des incidents similaires surviennent sur le long terme.

« Compte tenu de l'expansion de cette industrie, il est difficile pour les employés de vérifier et identifier chaque article », a dit M. Xu.

Le Bureau d'Etat des Postes a déclaré la semaine dernière que les livraisons express en Chine ont connu une forte expansion au cours des 11 premiers mois de l'année, avec un chiffre de 8,12 milliards réalisé au cours de cette période, en hausse de 61,4% d'une année sur l'autre.

Les chiffres montrent que près de 200 millions d'internautes achètent régulièrement des produits sur des boutiques en ligne.

L'industrie du transport express en Chine est marquée par des pratiques de gestion défectueuses et des seuils bas de mise en place des franchises. Les entreprises devraient avoir moins d'activités en franchise, afin qu'un contrôle des sections locales et la formation professionnelle des employés puissent être améliorés, a dit M. Xu.