En parlant de l'Airbus A380, surnommé « Super Jumbo », on pense tout de suite au plus gros avion civil au monde pour le transport de passagers. Il peut accueillir jusqu'à 853 sièges en classe unique. Le constructeur aéronautique français a livré en octobre 2011 le premier A380 à China Southern Airlines, qui l'a reçu avec une grande joie. Mais au bout d'un an, le Super Jumbo est devenu un casse-tête pour la compagnie chinoise.

Selon les données publiées récemment par China Southern Airlines, sur les six derniers mois, le chiffre d'affaires a progressé de 13,2 % par rapport à l'an dernier, en enregistrant 48,03 milliards de yuans, dont un bénéfice estimé à 0,45 milliard de yuans, marquant un recul par rapport à un an plus tôt. C'est la plus grosse chute de bénéfices parmi les trois principales compagnies aériennes chinoises. Selon Zhang Wu'an, le porte-parole de la compagnie Chunqiu, l'A380 n'est pas arrivé au bon moment en Chine.

La compagnie basée à Guangzhou a commandé le Super Jumbo en cinq exemplaires au total, dont trois ont déjà été livrés. China Southern utilise pour l'instant cet appareil sur des lignes intérieures. Destiné au marché des très gros porteurs, l'A380 est un avion idéal pour la compétitivité d'une compagnie sur les lignes internationales. Il peut transporter davantage de passagers sur de longues distances à un coût inférieur, grâce à sa capacité de 525 à 853 passagers en fonction de la configuration. China Southern Airlines est devenu le premier utilisateur en Chine de l'appareil au monde, et le septième à l'échelle mondiale. Les trois A380 de China Southern Airlines, équipés de réacteurs Trent 900 de Rolls-Royce, sont actuellement exploités sur des lignes intérieures reliant les principales villes chinoises telles que Beijing, Hong Kong et Guangzhou. Cependant, la compagnie a dû souvent baisser ses prix pour réussir à vendre un nombre suffisant de billets. « Le déficit commercial de l'Airbus A380 est estimé à 100 millions de yuans au premier semestre », a déclaré Xie Bing, directeur adjoint de la compagnie chinoise. Quant à la raison pour laquelle l'Airbus A380 n'est pas rentable pour China Southen Airlines, Mme Li Yanhua, directrice adjointe de l'Institut de gestion économique relevant de l'université de l'Aviation civile de Chine, a estimé que le problème résidait plutôt dans l'écart entre la dimension de l'avion et la longueur des trajets effectués.

Certaines personnalités du milieu de l'aviation font remarquer qu'utiliser de gros avions comme l'A380 pour desservir des lignes nationales de court et moyen courrier semble une chose sans précédent dans le monde. Face à une concurrence toujours plus forte, l'utilisation de l'A380 n'aide en rien la rentabilité. Par ailleurs, China Southen Airlines n'a toujours pas obtenu l'autorisation de desservir de nouvelles lignes internationales. M. Xie Bing se rappelle, non sans amertume, des poteaux indicateurs de Paris et Amsterdam dressés à l'aéroport de Toulouse lors de la réception du premier A380. Malheureusement, toutes ces nouvelles lignes internationales à ouvrir restent pour l'instant un rêve. L'avenir de l'A380 étant flou, China Southern Airlines a annoncé la mise en service imminente de l'appareil sur un nouvel itinéraire Beijing-Paris. Le plus gros avion desservira désormais les lignes internationales de la compagnie. Reste à voir si cette démarche peut apporter de l'espoir à la rentabilité du Super Jumbo dans l'Empire du milieu.