La branche du vin de l'Association des boissons alcooliques de Chine a annoncé, le 20 août, qu'elle avait déposé au ministère du Commerce une requête pour qu'il ouvre une double enquête sur le dumping et le subventionnement du vin importé de l'Union européenne. Motif : ces dernières années, l'Union européenne a accordé de fortes subventions à son secteur du vin, ce qui a eu un impact adverse sur presque toutes les entreprises vinicoles chinoises, face au vin importé de l'Union européenne.
Les entreprises vinicoles chinoises subissent une crise de crédibilité
D'après Mme Li Huiying, experte en commerce européen du ministère chinois du Commerce, les entreprises vinicoles chinoises qui subissent actuellement une crise de crédibilité sont plongées dans une situation difficile. C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles la branche du vin de l'Association des boissons alcooliques de Chine a déposé une demande de « double enquête ».
Depuis le 9 août, la presse écrite a publié successivement des articles révélant qu'après avoir testé dix catégories de vin de trois entreprises intérieures cotées à la Bourse, le Centre national de surveillance et de contrôle de la qualité alimentaire a confirmé que ces vins contenaient des résidus de pesticides. Du fait que le pesticide MBC est susceptible de causer le cancer du foie, son emploi est interdit aux États-Unis. Cette nouvelle a bouleversé le marché et placé les entreprises vinicoles chinoises dans une situation défavorable.
À présent, notre pays n'a pas défini de normes sur la quantité de résidus de pesticides dans le vin, tandis que l'Union européenne, les États-Unis et le Japon ont élaboré depuis longtemps des normes sévères pour le secteur du vin. Ils ont 132 normes destinées à limiter les résidus de pesticides dans les raisins et le vin. Les secteurs vinicoles à maturité de l'étranger qui respectent les normes strictes gagnent la faveur des clients chinois qui préfèrent le vin importé, ce qui porte un nouveau coup dur aux entreprises intérieures.
Par conséquent, à cette occasion la branche du vin de l'Association des boissons alcooliques de Chine a déposé une demande de « double enquête ». Cette demande est naturellement remise en question et contestée.
Le secteur chinois du vin doit se développer au sein d'une concurrence internationale loyale
Mme Li doute que cette « double enquête » puisse empêcher l'entrée continue du vin importé dans le marché chinois et permette aux entreprises chinoises de se redresser. Actuellement, il existe un grand écart entre la Chine et les principaux pays producteurs de vin. Mais faut-il faire appel à l'intervention du gouvernement pour combler cet écart? En tant que membre de l'OMC, il ne peut pas agir à son gré.
En juin, un reportage disait qu'une enquête sur des allégations de dumping de vin importé serait entamée. Mais le ministère du Commerce l'a démenti, déclarant que la transformation de vastes champs en vignobles n'est pas réaliste et qu'il faut importer du vin pour combler le manque d'approvisionnement pour la consommation.
Mme Li souligne que le secteur chinois du vin est en développement, et qu'il est naturel que, dans ces circonstances, il ressente une crise. Une entreprise sera réellement puissante à condition de faire inlassablement des efforts. Des fleurs dans une serre n'osent pas braver la tempête, et les entreprises vinicoles chinoises doivent avoir le courage de se développer au sein de la concurrence. Il leur faut corriger leurs défauts en prenant exemple sur les qualités d'autrui.
Et Mme Li d'ajouter : il faut fournir des preuves permettant de démontrer que l'Union européenne a accordé de grosses subventions à son secteur vinicole, mettant ainsi les entreprises chinoises dans une situation défavorable. L'Union européenne soutient la production agricole depuis longtemps. Ces dernières années, pour résoudre le problème de la surproduction de vin, il est tout à fait possible que les autorités locales de l'Union européenne aient subventionné les entreprises vinicoles et qu'elles les aient aidées à exporter leur vin, mais nous n'avons pas de statistiques concrètes pour affirmer que les subventions ont pu créer un environnement de concurrence déloyale où le vin exporté de l'Union européenne vers la Chine profite d'un avantage sur le vin chinois. Dans ce contexte, nous ne pouvons pas juger si les subventions que le vin de l'Union européenne a reçues dépassent les limites prescrites.
Face aux consommateurs, le vin chinois doit offrir une haute qualité
De son point de vue de consommatrice, Mme Li estime que, ces dernières années, les problèmes de sécurité sanitaire des aliments ont éclaté les uns après les autres en Chine, ce qui a suscité des craintes au sein de la population. Certes, les autorités locales des divers échelons doivent assumer une partie de la responsabilité, mais avant tout, ce sont les entreprises qui manquent d'autodiscipline.
Face à la « double enquête », certains experts du secteur du vin affirment qu'il existe un grand écart de qualité entre les vins chinois et les vins étrangers de la même catégorie et du même prix. Ce n'est pas le prix, mais la qualité qui freine le développement du secteur chinois du vin. Ce n'est donc pas la « double enquête » qui est le cœur du problème.
D'après Li Huiying, l'importation normale de vin de l'Union européenne – région productrice de vin à maturité - peut encourager le secteur chinois du vin à améliorer sa qualité, ainsi que ses niveaux technique et de gestion, ce qui lui permettra ainsi de connaître un développement sain. Pour satisfaire les consommateurs, le meilleur choix est de contrôler la qualité du vin comme le fait l'Union européenne, mais non de demander des enquêtes sur le dumping et le subventionnement. |