La hausse du taux de suicide depuis l'éclatement de la crise de la dette pèse sur les épaules du psychiatre Dimitris Boukouras.
« Fondamentalement, je ne veux pas entendre sonner ma ligne d'urgence ou rencontrer tant de patients désespérés tous les jours. »
Mais M. Boukouras ne sait que trop bien que sans son aide professionnelle, beaucoup d'entre eux pourraient mettre fin à leurs jours.
La crise financière a projeté la Grèce dans la position peu enviable du pays au taux de suicide le plus élevé en Europe. Plus de 2 500 personnes ont mis fin à leurs jours depuis 2010.
« Il s'agit du nombre de suicides confirmés. Nous pensons que le nombre réel est beaucoup plus élevé », a-t-il souligné.
Les quatre premiers mois de l'année ont vu une forte augmentation du nombre de suicides parmi les pauvres et les plus de 65 ans. Il a augmenté de plus de 33 % par rapport à la même période de l'année dernière.
Avant le début de la crise financière, la Grèce avait le taux de suicide le plus bas d'Europe, à 2,8 pour 100 000 habitants, selon Eurostat.
Ce taux a presque doublé en 2011 et augmente encore.
Un rapport publié par le ministère grec de la Santé indique que le taux de suicide au premier semestre 2011 était 40 % plus élevé que l'année précédente.
Le taux de chômage a dépassé 22 % parmi la population générale et 50 % chez les jeunes.
La plupart des personnes qui se suicident sont des retraités et des hommes, qui étaient auparavant le principal soutien financier de leur famille.
Un cas particulier a fait la une des journaux.
Dimitris Christoulas, âgé de 77 ans, s'est tué par balle sur la place Syntagma devant le parlement en avril. Il a laissé une note de suicide accusant le gouvernement de réduire sa pension à presque rien. « Je ne vois pas d'autre solution que cette fin digne, afin de ne pas me retrouver à fouiller dans les poubelles pour survivre », expliquait M. Christoulas.
Les mesures d'austérité ont frappé tous les secteurs de l'économie et ont causé des difficultés dans de nombreux foyers. « Il y a beaucoup de colère et les gens ne voient pas la fin à cette crise », a déclaré M. Boukouras. « Les Grecs sont devenus agressifs, émotionnels et plus extrêmes ».
M. Boukouras estime qu'une large coalition constituera le meilleur espoir de créer des emplois. |