Le virus de grippe A/H1N1 se propagage à une vitesse "incroyable et "inédite", a indiqué le docteur Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), dans une interview accordée au quotidien français Le Monde.
"En six semaines, il parcourt la même distance que d'autres virus en six mois! Le nombre de personnes infectées est aussi sans précédent. Jusqu'à 30% des habitants des pays à forte densité de population risquent d'être infectés", a alerté la chef de l'OMS.
"C'est la première fois dans l'histoire que nous voyons une pandémie évoluer sous nos yeux. Autrefois, le monde était toujours pris par surprise, sans avoir eu le temps de discuter des moyens d'affronter la maladie", a-t-elle ajouté.
Selon Mme Chan, le virus A/H1N1 est "totalement différent" de ceux de la grippe aviaire H5N1 et de la grippe espagnole de 1918. "Il est nouveau, et quasiment personne n'est immunisé contre lui. Il se répand très facilement, mais ne provoque pas de maladie sévère chez la plupart des gens. "
Elle a par ailleurs noté que 60% des décès surviennent chez des personnes ayant des problèmes de santé sous-jacents.
"Ce qui signifie que 40% des décès concernent des jeunes adultes - en bonne santé - qui meurent en cinq à sept jours d'une pneumonie virale. C'est le fait le plus préoccupant. Soigner ces patients est très lourd et difficile", a indiqué Mme Chan.
Interrogée sur la prochaine campagne de vaccination, la directrice générale a écarté tout retard sur le calendrier prévu. "Nous avons dit qu'il faudrait de cinq à six mois pour mettre au point les premiers lots de vaccins. Pour l'instant, nous sommes dans les temps", a-t-elle assuré.
Cependant, on ne disposera pas "à temps et en quantité suffisante" des vaccins de la grippe A/H1N1 dans les prochains mois, a indiqué Mme Chan, ajoutant que la capacité annuelle de production mondiale de vaccins antigrippaux, essentiellement dans les pays développés, est passée à 900 millions de doses.
"Même si cela reste insuffisant, cela n'était jamais arrivé pour les pandémies précédentes", a-t-elle dit.
Elle a également insisté sur la nécessité d'un leadership politique, de bons plans de lutte contre la maladie, d'une bonne coordination et d'une bonne mise en oeuvre face à la maladie. "Cela ne relève pas des seuls ministres de la santé. Certaines interventions ont de fortes implications économiques et sociales, par exemple la fermeture des écoles".
Selon le dernier bilan établi par l'OMS, la grippe A/H1N1 a tué au moins 2.185 personnes, alors que le nombre d'individus infectés s'élevait à environ 209.438 dans plus de 177 pays. |