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L'économie chinoise, à l'ordre du jour de la session 2010 de l'APN, attire l'attention mondiale

L'année 2009 s'est achevée sur un succès économique de la Chine dans un contexte de crise financière mondiale. Avec la session annuelle de l'Assmblée populaire nationale  (APN, parlement), l'économie chinoise est examinée de près à la fois par les économistes locaux et étrangers.

En dépit des réalisations, la Chine continuera de faire face à d'immenses défis dans les mois à venir, et la session de l'APN de cette année pourrait s'avérer plus consistante que celles antérieures, selon un expert étranger.

LA PERFORMANCE ECONOMIQUE

"L'économie chinoise a apporté une bonne réponse au monde l'année dernière", a relevé Justin Yifu Lin, vice-président et économiste principal à la Banque mondiale.

L'économie chinoise, d'après Lin, s'est distinguée des autres l'année dernière et est devenue l'un des moteurs de l'économie mondiale. Il a attribué les exploits de la Chine à trois facteurs: une politique de relance fiscale opportune et forte, un contexte national favorable à l'investissement gouvernemental et un marché gigantesque.

La Chine a enregistré une croissance de 8,7 % en 2009 pendant que l'économie mondiale s'est contractée de 2,2 % de plus que l'année précédente.

"Cela n'a pas été du tout facile pour notre pays", a indiqué vendredi dernier le Premier ministre chinois Wen Jiabao dans le rapport de travail de son gouvernement.

Wen a jugé l'année 2009 comme étant la plus difficile depuis le début de troisième milliénaire.

La performance de la Chine a néanmoins reçu les félicitations des économistes étrangers.

"La Chine n'a pas seulement réalisé sa propre croissance, mais a aussi stimulé la croissance des autres pays pour faire face à la crise financière, en donnant de l'élan à la relance économique mondiale", a indiqué Hong Pingfan, chef du centre de supervision économique du département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DESA).

Le président de la Chambre de commerce belgo-chinoise Bernard Dewit a indiqué qu'il était prévoyant pour le gouvernement chinois d'annoncer l'accélération de la transformation du modèle de croissance économique. Sur le long terme, la Chine ne pourrait pas développer son économie de façon continue uniquement en exportant des produits tels que les T-shirts, a-t-il estimé, ajoutant qu'il faut que la Chine produise plus des produits haut de gamme ayant une valeur ajoutée élevée.

Marcio Pochmann, directeur de l'Institut brésilien des recherches économiques appliquées, a indiqué que les réalisations de la Chine étaient étroitement liées au rôle du gouvernement.

"Les pays les plus aptes à faire face à la crise et à en sortir étaient ceux dotés d'un gouvernement organisé et des politiques publiques adaptées au moment de la crise", a-t-il expliqué.

LES DEFIS A VENIR

L'économie chinoise fait encore face à d'énormes défis en dépit des réalisations de l'année dernière.

Hong a estimé que la Chine sera confrontée à deux défis en 2010 dans ses échanges avec les nations riches impatientes de sortir du poids de la crise et les effets secondaires du gigantesque plan de relance.

Sous le coup de la pression croissante provenant de la lente croissance économique attendue et de la dégradation des conditions fiscales, certaines des principales puissances tenteront par tous les moyens de renvoyer le poids de la crise aux autres pays, dont la Chine, qui sera la principale cible, selon Hong.

La Chine a pourtant ses propres problèmes, a-t-il relevé. En 2009, les politiques et mesures agressives chinoises ont stimulé l'investissement mais n'ont pas réussi à relancer suffisamment la demande interne. Comme conséquence, les lourdes dépenses gouvernementales ont gonflé les crédits et les prêts et pourraient provoquer des bulles des avoirs, a-t-il ajouté.

La thèse de Hong a été reprise par Lin, qui a estimé que la relance économique mondiale reste fragile, alors que sur le plan national, les bulles des avoirs pourraient émerger avec la poursuite des investissements lourds en Chine.

Duncan Freeman, chercheur à l'Institut bruxellois des études de la Chine contemporaine, a indiqué que l'un des problèmes fondamentaux en Chine et dans ses relations avec le reste du monde est les déséquilibres existants, notamment les déséquilibres commerciaux avec les Etats-Unis et l'Europe.

Rééquilibrer l'économie chinoise est une priorité dans la résolution des déséquilibres avec les autres nations, a-t-il martelé.

Park Cyn-young, économiste à la Banque asiatique de développement, s'est également dit préoccupé par les différends commerciaux.

Eu égard au fait que la Chine réalise une croissance spectaculaire alors que la plupart des économies avancées continuent de souffrir, il est probable qu'il y ait davantage de différends commerciaux au courant de cette année, a-t-il prévenu.

"Tout d'abord, je pense que les Chinois devront trouver dans la mesure du possible le délicat équilibre entre l'effet des forces du marché et la possibilité d'une intervention du gouvernement", a suggéré le Professeur Edward Oyugi, économiste kenyan.

L'adoption des politiques appropriées aiderait la Chine à soutenir une croissance rapide, à accélérer la création d'emplois et l'équilibre des échanges avec les économies africaines, a estimé Oyugi.

TAUX DE CHANGE

Une appréciation du yuan chinois contribuera à la croissance de l'économie américaine mais ne résoudra pas les problèmes de sa propre économie, a indiqué l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) Olivier Blanchard.

Il a souligné que l'appréciation de 20 % du yuan, ou du Renminbi (RMB), peut conduire à une hausse d'environ 1 % du PIB américain.

"Ce sera une bonne nouvelle pour la croissance américaine, mais ce n'est clairement pas suffisant en soi pour soutenir la croissance des Etats-Unis", a estimé Blanchard, ajoutant qu'"il est très important de ne pas critiquer la Chine au sujet du yuan".

Selon Pochmann, chaque pays a le droit de définir son propre taux de change, par conséquent il lui appartient de le fixer au niveau qu'il juge plus adapté.

"Je pense que nous savons tous à l'heure qu'il est peu probable que la ré-évaluation ou la dévaluation de la monnaie chinoise résolve les déséquilibres mondiaux ou les problèmes de déficits comptables actuels aux Etats-Unis", a déclaré Park.

Toutefois, pour le bien du changement de la structure économique et d'une croissance durable à long terme, la monnaie chinoise gagnerait probablement à avoir plus de flexibilité, a-t- il estimé.

A cet égard, Freeman a rejeté l'idée d'une réévaluation du yuan comme étant le meilleur moyen d'aborder les déséquilibres commerciaux.

"Ce n'est qu'un petit facteur", a-t-il déclaré, ajoutant que le plus important est le changement de la structure économique chinoise, des Etats-Unis et de l'Europe. Pour la Chine, il faut davantage mettre l'accent sur la consommation nationale que sur les exportations, selon Freeman.

"C'est un processus très long. Cela ne va pas se produire l'année prochaine ni dans deux ans", a averti Freeman.

Agence de presse Xinhua     2010/03/10

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