La Chine a enregistré l'année dernière sa plus forte différence de revenus entre les zones rurales et urbaines depuis qu'elle a lancé sa politique de réforme et d'ouverture en 1978.
Des chercheurs issus de groupes de réflexion ont prévenu que ce fossé va continuer à s'agrandir dans les années à venir à moins que des mesures efficaces visant à réduire cet écart ne soient prises au plus tôt.
En effet, le revenu urbain net par tête s'élevait l'année dernière à 17 175 yuans (2 525 dollars US) et à seulement 5 153 yuans dans les zones rurales, le rapport de revenus zones urbaines-zones rurales s'établissant à 3,33 : 1, d'après les derniers chiffres fournis par le Bureau National des Statistiques.
Le Ministère de l'Agriculture avait précédemment annoncé que le rapport était de 3,32 : 1 en 2007 et qu'il avait un peu diminué en 2008, à 3,31 :1.
Bien que cela doive être encore confirmé officiellement, les calculs le Chinadaily montrent qu'en 2009, la Chine a connu la plus grande différence de revenus entre les zones urbaines et rurales depuis 32 ans.
« J'ai bien peur que cette disparité de revenus ne continue à s'aggraver, le pays concentrant ses efforts sur l'expansion urbaine plutôt que sur le développement rural », a déclaré Song Hongyuan, directeur du Centre de recherches pour l'économie rurale au Ministère de l'Agriculture.
Plusieurs groupes de réflexion ont exprimé des craintes similaires à quelques jours de l'ouverture des sessions législative et de conseil annuelles, qui débuteront respectivement mercredi et vendredi, souhaitant que ce problème de la disparité de revenus soit au coeur des discussions à venir.
Song Xiaowu, président de la Société Chinoise pour la Réforme Economique pense pour sa part que ce fossé qui s'élargit entre les villes et les campagnes a sa part dans la grandissante et « effrayante disparité de revenus entre les possédants et les déshérités ».
L'organisation de M. Song a déjà organisé un forum de haut niveau et les idées et propositions émises par les experts seront soumises à l'examen des dirigeants.
D'après M. Song, cette disparité de revenus est due aux faibles salaires des employés et travailleurs migrants, constatés dans de nombreuses entreprises, en même temps que des profits en croissance rapide pour les dirigeants des entreprises d'Etat, les promoteurs immobiliers et certaines sociétés privées.
Zhang Dongsheng, directeur du Département de distribution des revenus à la Commission Nationale du Développement et de la Réforme, reconnait que le Gouvernement « a parlé plus qu'il n'a agi » pour réduire ce fossé.
« Nous (le gouvernement) n'avons pas réfléchi de manière complète sur la façon de traiter le problème de la disparité de revenus », dit-il. « Et pourtant, l'égalité sociale et un développement humain égal sont l'essence même de notre société, qui devient plus riche qu'elle ne l'a jamais été auparavant ».
Chi Fulin, Président de l'Institut chinois pour la Réforme et le Développement, situé à Hainan, exhorte le gouvernement à dévoiler un programme général destiné à doubler les revenus de la population dans les cinq ans à venir. Il pense que, dans l'époque de l'après-crise, la Chine doit avant tout s'appuyer sur la consommation intérieure, plutôt que sur les investissements et le commerce avec l'étranger pour maintenir son économie sur les rails d'une croissance rapide.
« Afin de stimuler la consommation intérieure, je demande avec la plus grande insistance au gouvernement d'annoncer un programme visant à doubler le revenu par tête des habitants en cinq ans », a déclaré M. Chi, qui est également membre de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC). Il soumettra sa proposition lors de la session annuelle qui débute cette semaine.
Alors que la Chine s'apprête cette année à élaborer son 12e Plan quinquennal (2011-2015), la Nation « devrait saisir cette occasion et considérer cet objectif de doublement du revenu comme un but national », a dit M. Chi. |