Un mois après la naissance de son
enfant, Mme Liu, domiciliée dans l'arrondissement de Xuanwu de
Beijing, a reçu quotidiennement une vingtaine de coups de téléphone
lui proposant de couper les cheveux de son enfant, de graver
l'empreinte de ses pas, etc....
« Je ne sais pas qui a fourni mes
informations personnelles à ces agences de services aux bébés, a
déclaré Mme Liu. Y a-t-il des choses qu'elles ne connaissent pas ?
» Cette mésaventure est arrivé aussi à d'autres personnes.
A Nanning, au Guangxi, un certain
Zhao s'est plaint auprès des médias qu'après avoir payé l'acompte
de l'achat d'un logement, il a reçu dès le lendemain des appels
d'une dizaine d'agences intermédiaires immobilières pour lui
demander s'il comptait vendre son appartement trois pièces ?
Avec le développement de l'économie
de marché en Chine, la protection des informations personnelles est
devenue un problème social. « Ce qui nous réjouit, a déclaré Mme
Chen Shu, député et secrétaire général de l'Association des avocats
de Guangzhou, c'est que le service compétent du Conseil des
affaires d'Etat a entrepris le processus législatif de la « Loi sur
la protection des informations personnelles ». J'ai soumis une
proposition à l'Assemblée populaire nationale sur ce sujet, dans
l'espoir que cette loi pourra être élaborée au plus vite afin de
mettre fin aux désordres actuels. »
En général, les Chinois pensent
d'abord à la protection de leur vie privée. Mais, a ajouté Mme
Chen, le champ de protection de cette loi est plus large. Elle
couvre le numéro de téléphone mobile, l'adresse du domicile, le
dossier médical et la profession...C'est là une notion nouvelle
pour les Chinois.
On demande de plus en plus aux
chinois de fournir leurs coordonnées aux entreprises et aux
organismes, qu'il s'agisse de l'achat d'une voiture, d'un logement,
d'une assurance, de demande d'un certificat ou d'une carte
bancaire, de demande d'emploi ou d'accès à Internet. Ces
informations personnelles représentent une énorme potentialité
commerciale. On tend donc des pièges sur Internet pour mener des
internautes à y laisser leurs coordonnées et on peut même aller
jusqu'à utiliser des virus pour voler des informations
personnelles.
M. Yin Xiaohu, professeur de
l'Institut des sciences politiques et juridiques de Chine de l'est
et secrétaire général adjoint de la Société d'études
constitutionnelles de Shanghai, a déclaré que si les informations
personnelles sont délibérément modifiées, utilisées ou vendues pour
rechercher un profit illégal, le résultat direct sera un sabotage
de l'ordre de la vie normale et la multiplication des ennuis. Il a
pris pour exemple une affaire pénale à Shanghai. Sous prétexte
d'embauche, une bande de malfaiteurs est arrivée à obtenir les
informations personnelles des candidats et, utilisant leurs
identités, ces malfaiteurs ont demandé des cartes de crédit à des
banques. En 9 mois, ils ont effectué de nombreuses opérations
fallacieuses à découvert et ont détourné 470 000 yuans.
« Dans notre système juridique
actuel, a ajouté Mme Chen Shu, la protection de la vie privée fait
partie de la protection de la réputation dans les Principes
généraux du Code civil. Notre législation écrite n'a même pas de
notion de la vie privée. Dans la Loi sur la protection des
informations personnelles, son champ d'application doit être plus
large que celui de la vie privée. Par exemple, si vous fournissez
votre curriculum vitae à une société, celle-ci a l'obligation de
bien le garder. Si elle le fournit à une tierce personne, de
manière délibérée ou par négligence, la société commettra une
infraction à la loi. »
Dans la proposition qu'elle a
soumise à l'APN, Mme Chen Shu a écrit que les entreprises
pourraient être autorisées par la loi à demander des informations
personnelles à leurs clients, mais elles devraient déclarer
publiquement leur but, obtenir le consentement du client, prendre
des mesures appropriées de protection et promettre de ne pas
révéler des informations personnelles à une tierce personne.
D'ailleurs, les organismes administratifs doivent aussi observer un
processus et un mode déterminés dans l'usage des informations
personnelles, afin d'en empêcher un usage abusif.
Dans les « Dispositions relatives à
l'exercice de l'approbation par l'autorité administrative dans la
région autonome zhuang du Guangxi », mises en vigueur le 1er
février 2005, il est stipulé que « les organismes administratifs
d'approbation ne peuvent pas transmettre ou publier la demande
appartenant à la vie privée d'une personne, sans le consentement de
celle-ci. » Mais les juristes ont fait remarquer que la Loi sur la
protection des informations personnelles doit d'une part protéger
les droits individuels, et d'autre part ne pas empêcher la
circulation normale des informations. Le maître de recherches Zhou
Hanhua de l'Institut du droit de l'Académie des sciences sociales
de Chine, qui a participé à la rédaction de cette loi, a dit que «
l'équilibre des intérêts des deux parties est au centre des
considérations du législateur ».
China.org.cn 2005/03/11
|