La "séparation des encaissements et des décaissements" est
indispensable pour définir le cadre de la comptabilité publique,
remettre de l'ordre dans les activités financières et économiques
et renforcer l'intégrité des fonctionnaires. Clef de voûte des
autres réformes financières qui se déroulent à l'heure actuelle,
elle revêt une grande importance sur le plan politique, économique
et social.
C'est Xiang Huaicheng, ministre chinois des Finances qui a tenu ces
propos dans son rapport sur l'exercice budgétaire 2001 et sur les
projets de budget des instances centrales et locales pour 2002
présenté à la 2ème séance plénière de la 5ème session de la 9ème
Assemblée populaire nationale (APN, parlement chinois) qui s'est
tenue mercredi matin au Grand Palais du Peuple à Beijing.
Pour approfondir cette réforme, les mesures à prendre sont les
suivantes: encadrer dans la gestion budgétaire les produits
extrabudgétaires réalisés par cinq instances, à savoir le ministère
de la Sécurité publique, la Cour populaire suprême, l'
Administration générale des douanes, le Bureau d'Etat de l'
administration de l'industrie et du commerce et le Bureau d'Etat de
la protection de l'environnement, pour qu'ils soient intégralement
versés au Trésor, tandis que les dépenses destinées à l'exercice
des fonctions de chacune de ces administrations seront approuvées
après vérification par le ministère des Finances dans le cadre du
budget pour en assurer l'octroi, a-t-il indiqué.
Instaurer dans 28 autres organismes de l' instance centrale la
gestion unique des fonds extrabudgétaires au moyen de la séparation
des encaissements et des décaissements, de sorte que ceux-ci
inscrivent leurs produits extrabudgétaires sur des comptes spéciaux
et établissent leur propre budget en prévoyant les dépenses de
chaque année compte tenu des normes définies par les finances
publiques. Réformer les modalités d' encaissement des fonds
extrabudgétaires dans les administrations ayant le droit d'imposer
des amendes; plus précisément, en assurant la rentrée des produits
extrabudgétaires, ces services seront tenus de les verser à une
caisse spéciale créée par les finances publiques, au lieu de les
inscrire sur leur propre compte, de façon à instaurer la gestion
des fonds extrabudgétaires à solde zéro et à empêcher ces services
de disposer de ces fonds à leur guise. Mettre fin à la pratique
consistant à contrebalancer les charges par les produits dans les
administrations douanières et fiscales pour y introduire la gestion
budgétaire. Poursuivre la réforme visant à la "séparation des
encaissements et des décaissements" sur le plan local, a fait
remarquer le ministre chinois des Finances.
Approfondir la réforme sur la gestion budgétaire revêt une grande
importance pour mieux réglementer la gestion budgétaire, améliorer
la rentabilité des fonds publics, mieux définir le rôle des
organismes gouvernementaux dans les activités économiques, prévenir
et éradiquer la corruption sur le plan institutionnel, a- t-il
ajouté.
Les finances centrales envisagent de multiplier les essais visant à
l'affectation directe de fonds, en portant le nombre d'unités
bénéficiaires de 6 en 2001 à 40 en 2002. Par ailleurs, on lancera,
à titre d'essai, une réforme visant à mieux réglementer les
modalités d'encaissement de recettes publiques. Il faudra
promouvoir le système des achats publics, élargir son champ
d'application, renforcer le contrôle dans ces activités et les
encadrer dans des règlements clairement définis. En 2002, toutes
les unités inscrites au budget central seront tenues de consacrer
un chapitre spécial de leur budget aux achats des administrations,
a précisé le ministre Xiang.
A
partir du 1er janvier 2002, les produits de l'impôt sur les revenus
des personnes physiques et des sociétés seront partagés entre les
finances centrales et les finances locales selon une proportion
définie. Cette réforme entend protéger les avantages acquis des
collectivités locales: en prenant les rentrées de l'année 2001
comme chiffre de base, les produits fiscaux réalisés en-dessous de
ce chiffre de base appartiendront entièrement aux collectivités
locales, seul le surplus des revenus sera partagé en 2002 dans une
proportion de moitié-moitié entre les finances centrales et les
finances locales, et en 2003 dans une proportion de 60 et 40 %; ce
taux de partage sera ajustable ultérieurement compte tenu de la
situation de chaque année. Les finances centrales ne garderont rien
pour elles: tout ce surplus de revenus sera consacré, sous forme de
transfert de paiement, à l' accroissement des aides financières aux
autorités locales, notamment pour les régions du centre et celles
de l'ouest. Ce changement constitue un grand pas en avant dans la
réforme du système financier entreprise dès 1994 avec
l'introduction du partage des produits de l'impôt sur les revenus;
il s'agit d'une décision importante prise par le Conseil des
affaires d'Etat compte tenu de l'impératif de développement
équilibré du pays sur les plans politique, économique et social;
c'est aussi une mesure d'importance capitale pour assurer le
développement harmonieux et équilibré des différentes régions et
réaliser l'enrichissement de toute la population en faisant jouer
la supériorité du régime socialiste, toujours selon Xiang
Huaicheng.
A
l'heure actuelle, a continué le ministre Xiang, les fausses
factures, les bilans maquillés, les états financiers truqués et les
fraudes dans les informations comptables sont monnaie courante,
mettant ainsi en péril le fonctionnement normal de notre économie.
Face à cette situation, il est urgent de consolider le système
comptable en vertu de la loi et de proscrire les fausses écritures.
Conformément aux normes de l'Organisation mondiale du Commerce, on
perfectionnera les plans comptables et les règlements pertinents
afin que la pratique de la comptabilité soit institutionnalisée et
réglementée. Il convient de renforcer le contrôle sur la
comptabilité générale, de sorte que les dispositions de la "Loi sur
la comptabilité" soient appliquées intégralement et effectivement.
On intensifiera la surveillance sur les cabinets
d'experts-comptables et ceux qui commettent des fraudes et d'autres
délits économiques graves seront sanctionnés.
La
Chine traverse à l'heure actuelle une période cruciale dans son
développement économique et social. Nous avons à exécuter un grand
nombre de projets urgents et importants avec une économie peu
développée, un niveau de vie peu élevé et des ressources
financières assez restreintes. Or, que ce soit dans la production,
la construction ou la consommation, la prodigalité et le gaspillage
sévissent partout. Il nous faudra donc promouvoir un style de
travail fait de lutte ardue et pratiquer un strict régime
d'économie en rompant en visière avec le goût du luxe et le
gaspillage. Les finances publiques devront donner un exemple de
diligence et de pugnacité aux autres administrations. Dans l'
établissement des budgets, les dépenses devront être soigneusement
calculées dans la limite des besoins et selon des critères
scientifiques et rationnels afin d'interdire toute dépense
superflue; dans l'exécution budgétaire, il faudra veiller
strictement sur l'affectation des fonds, en procédant au suivi du
résultat, de sorte que chaque denier public soit utilisé au mieux.
Il faudra faire respecter le caractère contraignant du budget,
poursuivre tout acte illicite et toute libéralité dans les
dépenses, de façon à réduire au maximum les fuites de crédits
financiers et le gaspillage, a-t-il conclu.