Hong Youfu est patron d'un restaurant à Guangzhou. Sa femme est ménagère. Selon la politique en vigueur, ils ne peuvent avoir qu'un seul enfant ; mais comme le premier fut une fille, ils ont décidé d'en faire un second, en espérant avoir un fils pour assurer leur descendance. Au début de 2007, leur souhait a été exaucé. Ils ont dû payer une amende de 80 000 yuans. Pour Hong, cette somme d'argent est une goutte d'eau ; mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Plusieurs couples se sont cachés afin d'éviter l'amende. La femme de Hong a accouché à la maison et ils ont obtenu un certificat de naissance pour leur deuxième enfant, condition préalable à l'inscription sur les registres d'état civil, indispensable pour les études et le mariage dans plusieurs régions de Chine.
La Chine pratique la politique de planification familiale depuis trente ans : un couple urbain ne peut avoir qu'un seul enfant et un couple rural un fils ou deux filles au maximum. Autrefois, avoir plus d'enfants était commun dans les régions rurales où l'on fait grand cas de l'homme et où les femmes sont méprisées. Aujourd'hui, le phénomène est réapparu chez les gens riches et les célébrités, explique Zhang Weiqing, directeur de la Commission nationale de la population et de la planification familiale.
Ces dernières années, de nombreux riches ont accepté de payer l'amende pour le droit à avoir plusieurs enfants, soulevant un problème général dans l'application de la politique de planification familiale, se plaint Mu Weiyong, directeur adjoint de la Commission de la population et de la planification familiale du Liaoning. Le fait d'avoir plusieurs enfants est en effet, aux yeux des riches, un nouveau symbole d'identité comme la voiture ou les logements de luxe.
Selon une enquête de Zheng Zhiguo, professeur à l'école du Parti du comité du Parti pour le Guangdong, la population de sa province a déjà atteint la limite. D'après les données publiées en novembre dernier par Han Xiaoming, directeur de la Commission de la population et de la planification familiale de Shenyang, dans la province du Liaoning, Shenyang compte depuis 2000 plus de 700 couples ayant plus d'un enfant. La plupart sont des patrons d'entreprises privées et des commerçants individuels.
Sous l'influence de la culture traditionnelle, les Chinois désirent avoir plus d'enfants au moment où l'économie se développe. Selon une enquête menée par la Commission nationale de la population et de la planification familiale sur les habitants urbains et ruraux, 35 % des cols blancs souhaiteraient avoir un deuxième enfant, révèle Zhang Weiqing.
Selon les prévisions du gouvernement, la Chine comptera 1,36 milliard d'habitants en 2010 et 1,45 en 2020, sans compter Hongkong, Macao et Taiwan. Face à ce résultat, le gouvernement, inquiet, a émis le 22 janvier 2007 un avis sur le problème de la population : à la suite du développement économique et social, le développement de la population chinoise se trouvera dans une situation complexe et le faible niveau de naissance fera face à un risque de recrudescence. Zhang a souligné que durant la première moitié du 21e siècle, la Chine devra faire face à des sommets de population, de main d'œuvre et de personnes âgées. D'ici une dizaine d'années, la population augmentera de huit à dix millions par an.
Sous la pression démographique, le gouvernement suit de près le phénomène consistant à avoir plusieurs enfants. « Son influence sociale est ignoble, affirme Zhang, et il faut le punir avec sévérité en vertu de la loi. » D'après la Loi de la République populaire de Chine sur la population et la planification familiale, appliquée depuis 2002, la Chine dispose de deux moyens pour punir les gens concevant plus d'un enfant : administratif (changer le poste de travail et baisser le salaire) et économique (amende variant d'une région à l'autre). Mais la plupart des pères ayant au moins deux enfants sont des commerçants individuels ou des patrons d'entreprises, et les mères sont presque toujours femmes au foyer. Ils échappent par conséquent à la punition administrative et ne regardent pas à l'amende. Certains personnes prennent l'initiative de verser des « aliments sociaux » afin d'avoir plus d'enfants. Mais le levier économique a perdu son efficacité pour les gens riches et les célébrités.
Beijing Information 2007/03/28
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